Le climat est généralement sain, l’air est pur, la température est douce et agréable, présentant néanmoins de grandes différences suivant la variété des expositions et la configuration du sol, montueux ou plat, découvert ou boisé. – Département de la Dordogne, par A. Hugo (1835) (1).
L’évolution du climat en Périgord à nos jours
À partir du Xe siècle, les températures s’élèvent en Europe occidentale de un à deux degrés tandis que l’humidité baisse. Cette période – qui prend fin au début du XIVe siècle – est baptisée Optimum médiéval par l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie.
C’est ainsi que ce réchauffement climatique a permis à l’homme de cultiver l’avoine et l’orge en Islande tandis que la vigne prospère dans le sud de l’Angleterre. En Périgord, cette nouvelle donne climatique favorise les cultures agricoles qui poussent mieux, plus vite, sans pourrir sur pied, autant de conditions propices à l’essor démographique.
Après cet Optimum climatique (également appelé réchauffement climatique de l’an mil), le temps se refroidit notablement dès le premier quart du XIVe siècle, à tel point que cette période est surnommée le petit âge glaciaire. Elle se termine à la fin du XVIIIe et se caractérise par une succession de famines, aggravées par les razzias sanglantes des soldats, au cours des deux siècles que dura la guerre de Cent Ans. Quand la peste arrive, elle trouve dans le Périgord des corps affaiblis : 1348, 1361, 1384 et 1400-1401 amènent des hécatombes.
En 1835, dans sa description pittoresque, topographique et statistique du département de la Dordogne, Abel Hugo dit ce qui suit à propos du climat : « L’hiver et le printemps sont ordinairement pluvieux, l’été est fort sec et l’automne est très beau ». Puis il ajoute ce qui suit : « On a cru remarquer que depuis une trentaine d’années, la température avait éprouvé de grands changements. – Le maximum de la chaleur qui dépassait rarement 26 degrés, s’élève maintenant de 27 à 32, et le maximum du froid atteignait au plus bas 4 degrés au-dessous de zéro, descend fréquemment de 10 à 14. ».
Et aujourd’hui, qu’elles sont les principales caractéristiques du climat en Périgord ?
Le climat en Dordogne-Périgord aujourd’hui
Bien que situé à la même latitude que Montréal ou Vladivostok — qui, faut-il le rappeler, sont pris dans les glaces en hiver — le Périgord, quant à lui, jouit d’un climat de type océanique, agréable en toutes saisons et éminemment tempéré, grâce à l’influence du Gulf Stream dont les eaux tièdes viennent réchauffer la façade océane de l’Europe. On constate toutefois de grandes variations de température suivant la variété des expositions et la configuration du sol, accidenté ou plat, découvert ou boisé.En plus d’être tempéré, ce climat est également instable. Cette instabilité peut se traduire par grand soleil et pluies ou giboulées dans la même journée. Elle s’explique par l’incessant combat que se livrent les masses d’air chaud tropical et d’air froid polaire au-dessus de dépressionnaire. D’ouest en est cependant, l’effet modérateur de l’océan atlantique s’atténue. Le Périgord est en effet une terre de transition subissant à la fois les influences du climat océanique tempéré (celui de l’Aquitaine) et celles du climat semi-montagnard (des marches occidentales du Massif Cental).
- Le printemps est souvent pluvieux mais agréable. C’est généralement en avril et mai qu’il pleut le plus.
- L’été est bien souvent sec avec un soleil bien présent. En moyenne, la température la plus élevée est de 25 à 35°C. Des orages viennent parfois rafraîchir l’atmosphère.
- L’automne est la plus belle saison, souvent propice à la poussée des cèpes, à la récolte des noix et des châtaignes…
- L’hiver est clément. Les températures descendent rarement en dessous de zéro. En moyenne, la température la plus basse est de 10 à 15°C au-dessous de zéro. Il tombe environ 6 jours de neige par an et jamais en abondance. Les derniers records de températures hivernales remontent à 1985/86 avec –20/–25°C. Comme il fallait s’y attendre, la neige est plus fréquente dans le nord-est du département, sur les contre-forts du Massif-Central, là où le relief est le plus élevé.
Température
En moyenne, la température la plus élevée est de 25 à 35°C (21,3°C de moyenne en juillet), et la température la plus basse de 10 à 15°C au-dessous de zéro (3,4°C de moyenne en janvier).
Températures maximales
Les températures maximales sont plus élevées dans les vallées. La moyenne annuelle des maxima croît dans l’ensemble du Nord-Est au Sud-Ouest, de 15°C en bordure de la Haute-Vienne à plus de 18°C sur l’Ouest des vallées de l’Isle et de la Dordogne.Les régions de la basse vallée de la Dordogne sont les plus chaudes. Dans le Bergeracois, la température atteint ou dépasse en moyenne 8 fois par mois les 30°C en juillet et août. Le record de chaleur à Bergerac est de 42°C le 12 juillet 1949. Plus récemment, Port-Ste-Foy a enregistré 40,2°C sous abri le 8 juillet 1982. À noter également un record de chaleur, assez exceptionnel pour une fin de mois d’août, enregistré le 26 août 2010, à Bergerac (Dordogne) : 39,6°C (41,1°C à Montauban le même jour).
Un record de chaleur en Juillet 2015 — Le 16 juillet, le mercure a frôlé ou atteint les 40°C : 40°C aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil, 39,7°C à Salignac-Eyvigues. À Bergerac, la moyenne des températures maximales a été de 30,2°C pour une moyenne centrée sur 27,4 °C, et Météo France a relevé 29 jours où la température maximale a dépassé les 25°C, et six jours à plus de 35°C, un record depuis l’ouverture de la station météorologique locale.
Températures minimales
Les températures les plus froides de la période 1970-1990 sont celles de janvier 1985 et février 1987 (le record pour Bergerac est de -21°C le 17 janvier 1987 et -22,2°C enregistré sous abri le même jour à la station de Bassillac).
La moyenne annuelle des minimas est assez uniforme, généralement un peu plus basse dans les vallées que sur les hauteurs, et comprise entre 0,5°C et 2,5°C. On compte en moyenne plus de 60 jours de gel dans les vallées contre moins de 50 sur les plateaux, y compris au Nord du département. Cette situation s’explique par l’accumulation d’humidité dans la journée, provoquant des brouillards matinaux, et qui se condensent avec le refroidissement du matin.
En général, les premières gelées d’Automne surviennent aux environs du 21 octobre, tout d’abord dans les vallées étroites du Centre et de l’Est du département, huit plus tard dans les zones de larges vallées, quinze jours plus tard dans les zones de faibles hauteurs et, vers le 11 novembre dans les régions plus escarpées ; soit un écart d’une vingtaine de jours entre sites de vallées et sites de hauteurs. Pour les dernières gelées de Printemps, on assiste aux mêmes disparités en fonction de la topographie. Il gèle en effet une année sur deux après le 16 avril dans la plupart des vallées et très rarement jusqu’au 1er mai. Les dates des dernières gelées dépassent exceptionnellement le 1er avril sur les reliefs marqués du Sarladais. Là encore, l’écart observé pour les dates des dernières gelées entre sites de vallées et sites de hauteurs s’élève à une vingtaine de jours.
Signalons également que l’amplitude thermique journalière est plus importante dans les vallées.
Variations de température entre le nord et le sud du département
En Dordogne, la température est le plus souvent douce et généralement très agréable. Mais elle varie de façon non-négligeable entre le nord et le sud du département, avec des écarts moyens de 2°C en été contre 10 à 15 °C en hiver. Lorsqu’il fait 18°C en moyenne, au moment le plus chaud de la journée à Bergerac, il fait moins de 15°C à Saint-Pierre-de-Frugie.
C’est ainsi que le nombre moyen annuel de jour de forte chaleur (où la température maximale dépasse 30°C) varie de moins de 10 sur l’Est du Nontronnais à 20 et plus dans la vallée de la Dordogne et dans la vallée de l’Isle en aval de Périgueux.
À cela, trois raisons : tout d’abord et avant tout, en raison de l’altitude. Ensuite, en fonction de la nature du sol et de l’exposition. Enfin, de par la disposition des vallées, du moutonnement des collines, du profil et de l’exposition des coteaux, des essarts, des forêts, des étangs qui contribuent de façon plus ou moins marquée à créer toute une gamme de micro-climats.
C’est ainsi que la température est plus froide aux confins du Limousin, contrefort du Massif Central, que dans les vallées basses et les parties couvertes de bois. De même, la température est plus froide sur les granits du Nontronais que sur les craies et les calcaires propres au bassin sédimentaire aquitain.
Outre ces écarts de température entre le nord et le sud, signalons également une instabilité permanente du temps qui se traduit par l’alternance d’un grand soleil, de pluies et de giboulées, souvent dans la même journée. Cette succession de phases dépressionnaires et de phases anticycloniques s’explique par le choc des masses d’air chaud tropical et d’air froid polaire au-dessus de l’océan Atlantique.
Pluviométrie
La Dordogne est relativement bien arrosée – et représentative d’un climat sans excès – avec une hauteur moyenne annuelle d’eau de 800 mm (calculée à Bergerac sur la période 1981-2010), ce qui est un peu élevé que la moyenne nationale. À titre de comparaison, les zones françaises les plus sèches, affichent moins de 600 mm (plaine d’Alsace ou de Limagne, et même Bassin Parisien), tandis que les zones de montagne dépassent les 2000 mm annuels (Cantal, Massif Vosgien, Alpes du Nord).
Si le cumul annuel moyen des précipitations est de 800 mm pour la période allant de 1981 à 2010 (à Bergerac), on peut toutefois noter des écarts significatifs au cours des dix dernières années : 732,6 mm en 2004, 576,4 mm en 2005, 859 mm en 2006, 779,4 mm en 2007, 843,6 mm en 2008, 798,2 mm en 2009, 679,6 mm en 2010, 472,4 mm en 2011, et 645,7 mm en 2012.
Rappelons que la région la moins pluvieuse est celle du Bergeracois tandis que la région la plus pluvieuse est celle du Nontronnais.
Certaines quantités d’eau recueillies sous orage sont parfois très importantes comme les 100 mm enregistrés le 17 mai 1971 à la station de Bergerac.
L’hiver et le printemps sont généralement très pluvieux, dépassant souvent 90 mm. L’été est généralement sec avec un minimum moyen de 40 mm de pluies. L’automne est la plus belle saison. Il tombe rarement de la neige et jamais en abondance, même si elle n’est pas rare en Périgord Vert. Il est à noter que l’élévation du relief provoque l’élévation des pluies en même temps qu’il abaisse les températures.
Un record de précipitation en Juillet 2015 — À Bergerac, Météo France a relevé 28 jours consécutifs sans pluie supérieure à 1 millimètre, un record depuis l’ouverture de sa station locale en 1988, égalant celui de 1994. Toujours à Bergerac, ce mois de juillet est le troisième mois de juillet le plus sec de l’histoire du centre météorologique, après 1990 et 2013.
Ensoleillement
L’ensoleillement se situe dans une plage moyenne de 1900 à 2000 heures annuelles du Nord au Sud de la Dordogne. Au cours des vingt-cinq dernières années, à Bergerac, l’année la moins ensoleillée a été 1992 avec 1706 heures et les plus ensoleillées ont été 1989 avec 2300 heures et 152 jours de faible ensoleillement, et 2011 avec 2229 heures et 115 jours de fort ensoleillement. Ces chiffres sont supérieurs à la moyenne nationale. Par exemple, pour 2011 la moyenne nationale à été de 1739 heures d’ensoleillement.
Au printemps, en été et en automne, la durée d’ensoleillement est plus forte au Sud-Ouest du département qu’ailleurs (Ribéracois et le Bergeracois). Toutefois, en hiver, l’ensoleillement est plus important au Sud-Est (Sarladais) que sur le Sud-Ouest, en raison de l’influence océanique qui apporte de la douceur, mais aussi des brouillards ou des nuages bas, tandis que le Sarladais, plus à l’Est bénéficie d’une influence légèrement continentale.
Un record d’ensoleillement en juillet 2015 — Le cumul mensuel d’ensoleillement pour ce mois a été largement au-dessus de la normale en Dordogne. Il a atteint un peu plus de 286 heures à Bergerac, contre une normale saisonnière axée sur 248 heures, soit un excédent de 15 %.
Vent
Les vents dominants sont de secteur est-sud-est l’automne et l’hiver, et ouest-nord-ouest l’été. Les vents dominants d’ouest, en provenance du golfe de Gascogne, sévissent habituellement pendant presque cinq mois de l’année.
Relevés effectués à Bergerac en 2012
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Quelques records
Température la plus basse | – 24 °C | |
Jour le plus froid | 15 janvier 1956 | |
Année la plus froide | 1956 | |
Température la plus élevée | 42 °C | |
Jour le plus chaud | 12 juillet 1949 | |
Année la plus chaude | 1994 | |
Hauteur maxi de pluie en 24 h | 100,3 mm | |
Jour le plus pluvieux | 17 mai 1971 | |
Année la plus sèche | 1953 | |
Année la plus pluvieuse | 1960 | |
Source : Météo France |
Météo-France a dressé le bilan climatologique de la Dordogne, pour l’année 2015. Les météorologues concluent à une année qui fut sèche et plus chaude que d’habitude. Il a manqué entre 25% et 30% de pluies cumulées. Quant aux maximales enregistrées en 2015, elles se situent juste en dessous des records des années caniculaires de 2003 et 2011. (2)
Notes :
- (1) La Dordogne, HUGO Abel – VERNE Jules – JOANNE Adophe, Les Éditions Du Bastion – 1979.
- (2) Dordogne : Météo-France dresse le bilan d’une année sèche, Journal Sudouest, 29/12/2015.
Sources :
- Météo France : Département de la Dordogne.
- Atlas de la Dordogne-Périgord, Patrick Ranoux, publié à compte d’auteur, 1996.
- Économie du département de la Dordogne, Pierre Delfaud, Éditions Sud-Ouest Université, 1993.