Loin de son Périgord d’adoption et une quarantaine d’années après « Easy Rider », Alain Bordes promène son regard de photographe sur la mythique Route 66.
Du 24 avril au 30 mai 2008, de Chicago à Los Angeles, Alain Bordes, photographe illustrateur et Jacques Hurtaud, plasticien, ont traversé l’Illinois, le Missouri, le Kansas, l’Oklahoma, le Texas, le Nouveau Mexique, l’Arizona et la Californie… à la rencontre d’un mythe : « US Route 66 ». Du « Flamingo » de Calder (Chicago) aux letter boxes de l’Arizona, en passant par les fermes de l’Illinois… sur plus de 3 670 km, la Route 66 déroule son ruban d’asphalte que bordent les pompes à gazole de stations d’un autre âge et qu’empruntent toujours les trucks américains et les bickers nostalgiques…
Attaché au Périgord qu’il affectionne, Alain Bordes a la curiosité et l’humeur vagabondes. Il photographie le monde avec les yeux d’un spectateur toujours fasciné, toujours à l’affût. C’est un « artisan-observateur », un « ethnophotographe » qui trouve son inspiration dans la relation de l’homme à son environnement. C’est à un travail « sociophotographique » qu’il se livre. Les images qu’il a rapporté de ses nombreux voyages à l’étranger : de péninsule ibérique en sables du Maghreb, de rizières balinaises en forêts québécoises, du Bois des Pins d’un Beyrouth amoché par la guerre à ce pèlerinage sur la Route 66… toutes traduisent sa conception de la photo perçue d’abord comme une rencontre permettant d’aller vers l’Autre. Il sait capter et décrypter tout à la fois les paysages et les visages croisés au hasard des rencontres.
Après avoir longtemps réalisé de la photo d’illustration en couleurs, Alain a décidé, pour développer son travail personnel, de « minimaliser » le contexte. Le noir et le blanc se sont alors naturellement imposés. Pour lui, le signe, la trace – objets de sa recherche – se traduisent mieux dans la gamme riche et complexe de teintes qui se déclinent du blanc vers le noir.
Avec Dominique Repérant, Francis Annet et Bernard Dupuy, Alain Bordes est l’un des photographes d’illustration les plus emblématiques de la Dordogne. Parmi son abondante bibliographie, on notera « Périgord sur Dordogne » (1981) et « La France du terroir » (1983), aux éditions du Chêne ; plus récemment, « Périgord » (2010), aux éditions Sud Ouest.
Jacky Tronel