Habitations fantômes en forêt de la Bessède

Du point de vue de la ruralité, il est très triste de constater que les campagnes du Périgord se vident de leurs forces vives agricoles au point que des habitations de nos ancêtres paysans se trouvent investies par la forêt.

Le reportage photographique qui accompagne ce texte est le reflet d’une certaine ambivalence de sentiments. Tristesse de voir disparaître un hameau entier d’habitations construites des mains de nos ancêtres et joie de sentir les forces vives de la nature qui reprend ses droits. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres, car qui ne connaît, proche de chez lui, une de ces superbes maisons d’antan en ruine…

Les noms et localisations de ces villages et fermes en Bessède resteront occultés car leurs ruines se situent sur des domaines forestiers privés – comme le sont plus de 98 % des bois en Périgord – et leur état de dégradation les rend dangereux à explorer.

Le hameau fantôme

Ce hameau entier, qu’on appellera « le hameau fantôme », qui a connu jusqu’à sept feux et dont la construction se situe vers 1875, était encore en état de restauration possible il y a 30 ans. Il se trouve maintenant envahi par une forêt naturelle de feuillus avec des arbres (chênes, charmes et châtaigniers) de près de 15 mètres de haut, en pleine santé, qui s’élèvent dans les pièces principales. On peut cependant, pour quelque temps encore, admirer la qualité des constructions et un goût certain pour l’esthétique dans l’utilitaire.

La ferme isolée

Cette ferme isolée, d’une datation identique, dont ne reste miraculeusement « en état » que le séchadou, a vu son habitation principale et son four à pain envahis par la forêt et écrasés en grande partie par la chute d’arbres.

Les ruines du Maine

Enfin, pour terminer, les ruines de ce « Maine », en plein cœur de la Bessède, dont on sait peu de choses. Des hypothèses situent sa construction au XIe ou XIIe siècle. Sur un pech d’environ un hectare, visiblement nivelé par l’homme, dominant un vallon avec son ru, on trouve des traces de construction (fondations, restes de murs d’habitations et d’enceinte) sur une surface de 1 400 m2.

On note l’absence des « belles pierres » de construction qui, compte tenu de la taille supposée des bâtisses au vu des fondations, devraient encore se trouver sur place. La légende veut qu’elles aient été récupérées et utilisées au XIIIe siècle lors de la construction du château de Régagnac, proche de ce site. Ne persistent que des restes de murs qui pourraient correspondre aux communs (du fait de la moindre qualité des moellons utilisés).

L’image est saisissante : voilà ce qui reste de la vie des hommes qui ont vécu là, quelque mille ans après… Seule Dame Forêt s’y porte bien ! Qu’elle continue surtout !

Texte et photos Christophe Chavernoz


Cet article a été publié dans le numéro 15 du magazine « Secrets de Pays ».

Vous pouvez vous le procurer en consultant la boutique du site…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *