MAURICE ALBE

Maurice Albe - "Le temps des moissons" - Plazac, juillet 1978 © Ars Pictura

(BEAUGENCY 1900 – PÉRIGUEUX 1995)

C’est étonnamment dans le Loiret, à Beaugency, que Maurice Albe verra le jour le 15 janvier 1900. Enfant du début du siècle, il rejoindra très vite le Périgord vers 1905, où son père pris la direction de l’usine de gaz de Sarlat. Enfant du pays, ses parents étant du Quercy, il connaîtra les joies de la campagne du Périgord Noir, jouant entre les vieux châtaigniers sur les collines arides ou la roche affleure.

C’est aussi grâce à son oncle, le chanoine Edmond Albe, que le jeune Maurice verra le sarladais sous son côté patrimonial. Arpentant les collines chargées d’histoire et voyant les paysans travailler la terre, l’éducation culturelle fournie par ce religieux encrera profondément le futur artiste dans son terroir. 

Les premières années d’études artistiques auront lieu à Paris après la Première Guerre Mondiale, où il rencontrera les plus célèbres artistes du XXe siècle. De longues journées aux terrasses de Montparnasse le verront côtoyer Picasso, Braque, Juan Gris, Lurçat et surtout André Lhote, auquel son œuvre devra tant.

Maurice Albe – Mère et son enfant devant saint Front à Périgueux – Bois gravé illustrant un ouvrage d’Eugène Le Roy © Ars Pictura

Après ses allers-retours entre Paris et le sarladais, Maurice Albe se fixera en Périgord en 1946, où l’on verra son style évoluer drastiquement vers ce qu’il appellera lui-même le « cubisme figuratif ». Cette technique de cloisonnement se retrouver désormais dans toute ses œuvres, gravées comme peintes, qui généralement découlent d’ailleurs l’une de l’autre. Des paysans cagneux au repos devant un bourg aux lourds toits de pierres, un vieux châtaignier encore plein de vie, un marché de campagne d’où s’échappent les cancans, une gardeuse d’oies au regard pénétrant, sont des sujets très populaires et peu adaptés à une mise en scène artistique au premier abord. Pourtant Albe y apportera toutes les harmonies possibles dans son style très particulier, ayant eu la chance de recevoir de nombreuses commandes d’institutions périgourdines, mais aussi des expositions communes régulières avec ses amis peintres parisiens, lui permettant de vendre ses toiles dans le monde entier. Maurice Albe sera aussi professeur de dessin dans plusieurs établissements de Périgueux, scolaires comme de loisir, établissant un lien avec toute une génération, lui transmettant sa passion pour le Périgord et le savoir-faire accumulé tout au long d’une carrière de soixante-quinze ans. Au soir de sa vie il était encore récompensé pour son travail et parti quelques jours avant son quatre-vingt-quinzième anniversaire.

Florent Piednoir

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