Polyrey : l’amour du bois

Le bois de châtaignier est riche en tanins, des substances polyphénoliques. Cette particularité lui confère une résistance à la pourriture et aux piqûres d’insecte (il est également bien connu qu’il repousse les araignées !) et donc une durabilité certaine en extérieur, une quinzaine d’années pour un piquet de vigne, par exemple. C’est à la fois une qualité puisqu’on peut extraire ses tanins pour l’industrie, mais c’est aussi un inconvénient dans la mesure où le bois mouillé noircit facilement et oxyde le métal. (1)

Un peu de botanique

L’appellation botanique du châtaignier, castanea, vient du latin Castanis, lui-même dérivé du grec kastanon, une ville de Thessalie en Turquie, renommée dans l’antiquité pour la qualité des châtaignes qu’on y récoltait. Castanea était l’ancien nom des chênes avant de désigner le châtaignier (la famille des Fagacées, à laquelle appartient le châtaignier, regroupe également le chêne). Sativus signifie « cultivé » en latin.

Le châtaignier est un arbre, sauvage ou cultivé, qui peut atteindre 25 à 30 mètres de haut, exceptionnellement 30 à 40 mètres. Son port est plus ou moins étalé selon l’environnement où il se développe. Son tronc rectiligne est gros et relativement court, recouvert d’une écorce fissurée en long. Il peut facilement mesurer 4 mètres à 5 mètres de diamètre à la base, ce qui n’a rien d’exceptionnel. Le doyen des châtaigniers ardéchois à 1 000 ans, et son tronc mesure 12,5 mètres de circonférence. À Thenon-les-Bains, un exemplaire, lui aussi millénaire, a un tronc qui mesure 15 mètres de circonférence. Mais, le record est incontestablement détenu par un châtaignier qui a grandi sur les pentes de l’Etna, le plus vieux des châtaigniers connus qui a actuellement quatre troncs et qui mesure 55 mètres de circonférence (il était encore plus imposant lorsqu’il possédait ses cinq troncs). On l’a surnommé « le châtaignier des 100 chevaux », car il aurait accueilli sous son ombrage, à l’époque de la Renaissance, l’escorte d’une reine de Naples, Giovanna I d’Angio (Jeanne Ière d’Anjou, la reine Jeanne), forte de cent cavaliers, qui s’y abrita un jour d’orage.

Le châtaignier aime les lieux frais, noirs et ombrageux, les croupes de montagnes tournées au nord et à la bise, il se plaît dans les terres douces et noirâtres, ou mieux encore dans les terrains sablonneux. — Encyclopédie d’Alembert et Diderot.

Il s’épanouit entre 300 et 800 m d’altitude, bien qu’on le rencontre jusqu’à 1 200 m. Il ne pousse que sur des sols silicieux, acides, de pH compris entre 5 et 6, et plutôt dans des sols riches en humus, sablonneux ou argileux ; par contre, il est calcifuge, c’est-à-dire qu’il n’apprécie guère les terrains calcaires. S’il accepte les sols silico-argileux, trop d’argile entretient une humidité excessive que le châtaignier ne supporte pas. D’une façon générale, il n’aime guère les sols trop humides et trop lourds, et il accepte souvent des sols ingrats : les terres légères, sèches voire stériles, les roches et les pierrailles… bref, des terres impropres à la plupart des cultures. Dans son Traité de la Châtaigne, Augustin Parmentier (1737-1813) constate que le châtaignier « offre aux habitants de certaines contrées, comme une espèce de dédommagement à l’aridité du sol qu’ils habitent ».

Il profite plus vite dans des sols frais en hiver et au printemps, et il a besoin de lumière et de chaleur pour que la pollinisation se fasse dans d’excellentes conditions. Cet arbre à affinités méditerranéennes réagit assez bien à la sécheresse, mais il redoute le froid et l’humidité ; il craint tout particulièrement les gelées hivernales. Beaucoup de châtaigneraies ont été anéanties certains hivers rudes, notamment lors du Grand hiver de 1709 qui a marqué les esprits, car une famine s’était développée suite à cet épisode hivernal. En Périgord tout particulièrement, des forêts entières furent dévastées, les chênes se fendirent dans toute la longueur, et les châtaigneraies furent dévastées.

Le châtaignier est une espèce thermophile (il aime la chaleur), héliophile (il aime la lumière) ou de demi-ombre. Sensible au gel de printemps, il a besoin de chaleur en été et d’eau en septembre. — Wikipedia, Castanea sativa. (2)

Sa croissance est très rapide. Il possède une forte aptitude à émettre des rejets. En à peine vingt ans, il a atteint sa taille adulte. C’est d’ailleurs en raison de sa rapidité de pousse qu’il fournira le bois de chauffage pour les hauts-fourneaux des nombreuses forges périgourdines, après transformation en chardon de bois. Il produit annuellement de 50 à 70 kilos de châtaignes sur une période d’une soixantaine d’années. Si toutes les conditions qui lui sont favorables sont réunies, sa longévité peut dépasser 1000 ans.

Les Fleurs de châtaigniers

La pollinisation du châtaignier

Le châtaignier est un arbre monoïque, ce qui signifie qu’il possède à la fois des fleurs mâles et femelles. La fécondation croisée est une règle impérative chez le châtaignier. Il ne fleurit qu’au bout d’une vingtaine d’années. C’est en juin-juillet que des fleurs mâles de 10 à 20 centimètres apparaissent, dressés, en forme de chaînettes de couleur jaune dorée, en même temps que de petites fleurs femelles, insignifiantes, groupées par un à trois dans