La cheminée mystérieuse de la Bouriette

Cheminée de la Bouriette – © Photo Christian Bourrier
Au XIXe siècle, l’État se préoccupe de doter le territoire d’un réseau ferré permettant aux populations éloignées des grands centres urbains de bénéficier de moyens de transport rapides et économiques. De grands travaux nationaux sont entrepris entre 1837 et 1907.

La première ligne, Paris Saint Lazare – Le Pecq (19 km) est ouverte en 1837.

Cheminée de la Bouriette – © Photo Christian Bourrier

Cheminée de la Bouriette – © Photo Christian Bourrier

En Aquitaine, la ligne reliant Bordeaux – Aurillac via Lalinde – Le Buisson, est réalisée en plusieurs tranches. La première tranche Bordeaux – Libourne est construite en 1852, sur la ligne Paris Austerlitz – Bordeaux Saint Jean. La gare de Libourne n’y est alors qu’une station. Elle devient gare de bifurcation en 1869 avec le tronçon Libourne – Castillon la Bataille. En 1873, Castillon la Bataille est reliée à Sainte Foy la Grande puis Sainte Foy la Grande à Bergerac en 1875. Ce n’est qu’en 1879 que le tronçon Bergerac – Le Buisson est ouvert. La gare de Lalinde est inaugurée le 21 juin 1879.

L’un des soucis majeurs des ingénieurs ferroviaires chargés de ce tracé fut d’établir des points d’eau à proximité de la ligne, afin de pouvoir alimenter les locomotives à vapeur. Les machines devaient régulièrement s’arrêter pour « faire de l’eau » (entre 9 m3 et 14 m3). « Et plus le train était lourd, plus la machine consommait » ! Il fallait donc trouver une source intarissable, capable d’alimenter un château d’eau, même en période de sécheresse.

Sur la section ferroviaire Bergerac – Le Buisson, le choix du point de ravitaillement se porta sur la gare de Lalinde. Les études effectuées sur le secteur ont révélé la présence de nombreuses sources. La plus abondante et la plus proche de la voie ferrée se situe près d’un lieu nommé « La Bouriette ».

C’est donc là que fut installée la station de prise d’eau, à environ 600 mètres de la gare. L’eau, pompée à l’aide d’une machine à vapeur fixe était acheminée par une canalisation longeant la voie ferrée jusqu’à un château d’eau bâti près de la gare. Une grue hydraulique complétait le système afin de ravitailler les locomotives.

Cette installation fonctionna pendant des années. Elle devint obsolète à partir des années soixante avec l’arrivée des moteurs diesels qui remplacèrent les machines à vapeur. Le besoin en eau n’étant plus nécessaire, l’installation fut abandonnée. La grue hydraulique en bordure du quai fut démontée.

Des vestiges de ce procédé subsistent et sont toujours visibles : le château d’eau, dans le parc de la gare, transformé dans un premier temps en remise, puis en pièce d’habitation et la fameuse cheminée en briques de la station de pompage. Elle se dresse dans la plaine comme un obélisque et attise toujours la curiosité des passants.

Source SNCF, région S.O., 4e arrondissement V.B., ligne Bergerac au Buisson, profil en long, colL. J.-Gérard Rebeyrol. On aperçoit sur ce schéma la gare de Lalinde (Débarcadère), le château d’eau (Réservoir), la grue hydraulique et la station de pompage avec sa cheminée (Machine fixe).

Source SNCF, région S.O., 4e arrondissement V.B., ligne Bergerac au Buisson, profil en long, colL. J.-Gérard Rebeyrol.On aperçoit sur ce schéma la gare de Lalinde (Débarcadère), le château d’eau (Réservoir), la grue hydraulique et la station de pompage avec sa cheminée (Machine fixe).

La cheminée mystérieuse est le témoin d’une époque révolue … celle où le sifflet strident des locomotives résonnait dans la vallée ; celle où la France devint l’une des premières puissances industrielles mondiales, grâce à l’utilisation de la machine à vapeur.

Christian Bourrier

Cet article a été publié dans le numéro 4 du magazine « Secrets de Pays ».

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