Le château de Biron, « vivante nature »

Cour intérieure du château de Biron, © Au Fil du Temps

Totalement excentré de notre beau département, le village de Biron est mitoyen du Lot-et-Garonne. Son château, construit sur un promontoire naturel, embrasse l’Agenais, le Quercy et le Périgord. Il constitue l’un des plus vastes ensembles castraux du territoire.

Un patrimoine vivant

Du fait de ses origines, il participe à l’histoire de notre contrée. Fondé probablement au XIe siècle par la famille de Biron alliée ensuite à la famille de Gontaut à la fin du XIIe, il fut le siège d’une des quatre baronnies du Périgord avec Beynac, Bourdeilles et Mareuil. Du passage de Simon de Montfort en 1212 à la guerre de Cent Ans, l’histoire de toutes les luttes – particulièrement celles entre rois d’Angleterre et rois de France – et les dégâts qui en découlèrent au fil du temps ont généré d’incessantes modifications du château tout au long des XIVe et XVe siècle. Pour autant, à la fin de la guerre de Cent Ans (1453), Biron et son château sont en ruines.

Dès lors, les Gontaut-Biron ne cessent de le restaurer, de l’embellir et de le moderniser au gré de leurs fortunes, tantôt prisés par les souverains français, tantôt honnis. C’est ainsi que Charles de Gontaut-Biron est condamné pour haute trahison et décapité à la Bastille, le 31 juillet 1602 !

Vue aérienne du Château de Biron, © Photo-Jean-Jacques-Sauby

Le déclin de Biron est patent au cours des XIXe et XXe siècle, jusqu’à ce que le Conseil départemental achète en 1978 ce monument historique (classé depuis le 17 février 1928 au titre des monuments historiques). Depuis lors, Biron continue à faire l’objet d’importantes restaurations pour la meilleure des valorisations touristiques et culturelles.

Le château, véritable centre de vie, s’organise « autour d’une cour basse et d’une cour haute où se superposent de nombreux édifices dont les fonctions ont changé à la faveur d’ajouts et de remaniements successifs. La basse-cour abrite la tour de la Conciergerie du XIIe siècle, la chapelle haute, édifiée entre 1499 et 1515 et la tour de la Recette du XIIe siècle, prolongée d’une écurie. Dominant la courtine, une galerie renaissance relie la Conciergerie à l’angle de la chapelle. La tour des Anglais (ou tour-porte, XIIe – XIIIe siècles) permet l’accès à la cour d’honneur. Celle-ci distribue plusieurs logis qui se sont succédés du XVe au XVIIIe siècle. Le bâtiment dit “des Maréchaux”, du nom de Charles et Armand de Gontaut-Biron, favoris des rois Henri III et Henri IV, est cantonné des tours Henri IV et Saint-Pierre. Il fait face au château de Pons (XVe siècle) jouxté d’un donjon polygonal de base médiévale et d’un logis-tour en partie ruiné : le Vieux logis et la tour de l’Horloge. La cour est fermée au nord-ouest par une loggia sur arcade et piliers ouvrant sur une terrasse. » (extrait du catalogue Les messagers, chefs-d’œuvre de la fondation Maeght – Conseil départemental 2017 – Textes Barbara Sibille).

Biron et l’Art contemporain

Le château de Biron étant un site d’intérêt majeur pour la Dordogne, l’ancien président du Conseil général, Bernard Cazeau, l’avait rendu particulièrement attractif en y organisant, tous les deux ans, des expositions d’art contemporain présentant des œuvres d’intérêt international.

L’actuel président du Conseil départemental, Germinal Peiro, a eu non seulement la sagesse de poursuivre dans cette voie mais également d’en faire définitivement un lieu dédié à l’art contemporain. Désormais, le château de Biron « vit » toute l’année grâce à des présentations d’œuvres du Fond Départemental d’Art Contemporain (FDAC), créé en 2002. C’est ainsi que du 10 février au 1er mai 2017, à l’occasion du 15e anniversaire du FDAC, étaient présentées non seulement des œuvres acquises au fil du temps par le Département mais encore des sculptures monumentales de Jacques Labat, dit Balta. L’été dernier déjà, « Les Messagers » permettaient la transition entre l’Histoire avec un grand « H » et notre XXIe siècle par la présentation de peintures, sculptures, dessins, estampes et autres œuvres aux techniques moins traditionnelles, toutes créées au XXe siècle par Joan Miró, Alexander Calder, Fernand Léger, Georges Braque, Alberto Giacometti, Marc Chagall ou encore Eduardo Chillida, prêtées par la Fondation Marguerite et Aimé Maeght.

Fort de ce succès, le partenariat avec la Fondation Maeght est renouvelé cette année, ce qui permet le déplacement provisoire d’œuvres de cette célèbre collection, de Saint-Paul de Vence à Biron. Ainsi, du 22 mai au 5 novembre 2017, le château de Biron accueillera une exposition intitulée « Vivantes natures », composée de 95 œuvres, dessins, gravures, peintures, sculptures, créations aux techniques mixtes, réalisées par 42 artistes illustrant le thème de la nature dans l’art moderne et contemporain.

À l’opposé de natures mortes, « Vivantes natures » nous plonge dans un monde pluriel où les artistes ont pour la plupart abandonné les traditions figuratives, l’imitation de la nature, pour montrer leur propre vision d’un univers onirique, poétique, introspectif ou exalté, souvent effrayant et cruel, instable et rebelle. Héritiers lointains de l’humanisme, de la pensée des Lumières, du romantisme ou du naturalisme, Wolfgang Gäfgen, Gérard Gasiorowski, Vassily Kandinsky, Simon Hantaï, Ellsworth Kelly, Jean Le Gac, Fernand Léger, Roberto Matta, Joan Miró, Jean-Pierre Pincemin, François Rouan, Sui Jianguo, Pierre Tal Coat, Antoni Tàpies côtoient Henri Cueco, Marco Del Re, Erik Dietman, Claudine Drai, Jean Dubuffet, Gérard Garouste, Jacques Monory, Paul Rebeyrolle, Germaine Richier, Vladimir Velickovic ou Henk Visch, dans des remises en question contrastées de la représentation de l’homme et de son environnement.

Chefs-d’œuvre de la fondation Maeght exposés au Château de Biron

Le château de Biron, « vivante nature »

Comme en 2016, ces œuvres sont installées aux deux niveaux de l’aile des Maréchaux et d’Henri IV, récemment restaurées, se valorisant mutuellement et prouvant ainsi que culture et patrimoine sont totalement indissociables, particulièrement dans ce territoire des Bastides Dordogne-Périgord où l’on ne compte plus les sites et monuments historiques ou simplement de grand intérêt patrimonial et mémoriel.

Texte : Véronique Dubeau-Valade
Photos : © Conseil départemental, Au Fil du Temps, aérienne : Jean-Jacques Sauby

Conservateur des antiquités et objets d’art de la Dordogne en même temps que responsable des expositions du château de Biron au service de la Culture et du Patrimoine du Département, Barbara Sibille a su me donner envie de vous parler de ce lieu symbolique du passé et de l’avenir de notre Périgord. Quelle en soit ici remerciée.


Cet article a été publié dans le numéro 10 du magazine « Secrets de Pays ».

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