Une idée reçue totalement infondée présente parfois les Bergerac rouge comme des Bordeaux de qualité inférieure. Et pourtant les vignerons de Bergerac produisent depuis longtemps des vins de qualité, des vins qui peuvent soutenir la comparaison avec les plus beaux vins du Sud-Ouest… à des tarifs de loin plus abordables !
L’appellation Bergerac Rouge se situe au sud du département de la Dordogne, sur plus de 90 communes environnant la ville de Bergeracc.
L’AOC Bergerac rouge présente une robe rouge grenat aux reflets violacés, intense et brillante. Le nez est très joli, sur des notes de fruits rouges (griottes, fraises, cassis et groseilles) et parfois, d’épices douces selon les domaines. En bouche le vin s’exprime à merveille avec une attaque franche qui évolue bien sûr les fruits. Les tannins ont du grain et sont fins, avec une finale aromatique d’une bonne longueur. Ils peuvent être consommés jeunes (2 à 3 ans). Toutefois, les cuvées haut de gamme développent une belle générosité au bout de 4 ou 5 ans, avec une évolution remarquable dans le temps. Ils deviennent alors être puissants, bouquetés, gouleyants.
Plus légers que les vins produits pour l’appellation Côtes de Bergerac rouge, les Bergerac rouges n’en sont pas moins généreux et fruités. Les rouges de la rive droite de la Dordogne sont plus souples et relativement plus fins. Ceux de la rive gauche sont plus corsés, plus colorés, plus tanniques.
Les cépages utilisés pour le vin Bergerac rouge sont le Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc, Merlot, en plus faible proportion, Côt ou Malbec et plus rarement le Fer Servadou, Mérille ou Périgord. Les vins de Bergerac sont issus de l’assemblage d’au minimum deux cépages.
Les vins de l’appellation AOC Bergerac rouge sont souvent d’un bon rapport qualité-prix.
Histoire de l’AOC Bergerac rouge
Comme souvent en matière de toponymie, plusieurs hypothèses sont envisageables, mais pour faire simple, disons que le nom de « Bergerac » pourrait venir de « Bragayrac », dérivé du gaulois braca fabricant de braie, le pantalon ample des gaulois.
La présence de ce vignoble est attestée depuis le XIe siècle. Il dépend alors de la paroisse de Saint-Martin de Bergerac. C’est en 1080 que les moines du monastère Saint-Martin de Bergerac défrichèrent la vinée nord qui est aujourd’hui considérée comme la toute première région viticole bergeracoise. Dès le XIIIe siècle, Bergerac est un centre important de rassemblement et de commercialisation pour les vins de la région.
Les vins de Bergerac ont longtemps souffert d’un problème d’identité. D’ailleurs, au Moyen-Âge, ils étaient qualifiés de « vins du Haut-Pays », puisqu’ils étaient issus d’un vignoble situé en amont de Bordeaux, au même titre d’ailleurs que les vins de Cahors ou de Moissac. Pourtant, le terroir viticole (ou « vinée ») de Bergerac était organisé pour garantir la qualité de sa production selon des règles précises, édictées par les consuls de la ville et cela depuis le XIVe siècle.
Après la guerre de Cent Ans, le vignoble appartient aux bourgeois de Bergerac et seuls les vins provenant de ce territoire pouvaient librement circuler dans la ville.
Au XVIe siècle, les guerres de religions déchirent le Périgord : au Nord, Périgueux et les Catholiques, au Sud, Bergerac et les Huguenots. En 1685, la révocation de l’Edit de Nantes marque le paroxysme des persécutions. Les huguenots s’expatrient vers la Hollande. Un commerce prospère s’instaure alors entre Bergerac et les Pays Bas, notamment pour les vins blancs.
En 1880, le phylloxéra ruine l’ensemble du vignoble. Ce n’est qu’en 1895 que le vignoble est replanté sur les meilleures parcelles. L’alliance favorable des sols et du climat et les facilités de transport par voie d’eau que procurait alors la Dordogne, très aisément navigable, expliquent pourquoi le vignoble de Bergerac fut replanté après l’invasion du phylloxéra, alors que dans le reste du département, l’important vignoble disparaissait définitivement.
Au début du XXe siècle, au cours de la phase juridique de définition des appellations, un litige est né entre le syndicat des vins de l’arrondissement de Bergerac et le syndicat agricole de Saint-Cyprien. Un jugement du Tribunal de Bergerac en date du 29 juin 1923 a décidé que « tous les vins récoltés sur l’entier territoire de l’arrondissement de Bergerac ont droit à l’appellation d’origine Bergerac » et que « cette appellation sera réservée aux vins récoltés sur le dit territoire et qu’elle sera interdite à tous autres qu’aux vins récoltés dans les limites de ce territoire ». (1)
« Bergerac », « Bergerac sec » et « Côtes de Bergerac » sont reconnues par décret du 11 septembre 1936.
Terroir de l’AOC Bergerac rouge
Le sol est découpé par de multiples vallées perpendiculaires à l’axe principal et qui ont dégagé des versants et des croupes bien exposés favorables à la viticulture.
La nature des sols reflète l’étendue du vignoble. Traversé d’est en ouest par la Dordogne, le Bergeracois est constitué de cinq grands types de terroirs :
- Au sud-est, les calcaires lacustres de la roche-mère qui donnent des sols bruns calcaires plus ou moins épais.
- Au sud-ouest, Les boulbènes qui portent des sols lessivés assez limoneux et parfois battants.
- Au nord, les sables et argiles à graviers du Périgord qui portent des sols bruns lessivés acides avec apparition d’un horizon argileux imperméable en profondeur appelé « Tran ».
- À l’ouest , les calcaires marins qui portent des sols bruns calcaires dans le prolongement du Saint-Émilionnais.
- De part et d’autre de la Dordogne, les graves du quaternaire qui portent des sols lessivés, acides et peu fertiles sur les terrasses de la vallée de la Dordogne.
Les sols se composent de gravier sablonneux, d’argile, quartzeuse ou crayeuse, avec des traces de fer.
Accords à table
Les AOC Bergerac rouge se marient bien avec des apéritifs, des entrées, des plats principaux ou des fromages de caractère. Ils accompagnent idéalement les viandes rouges, gibiers, les plats régionaux comme le magret et les confits, les terrines de foies de volailles et rillettes, mais aussi les jambons. Ils gagnent à être passés en carafe.
Température de service : Les vins léger et fruités gagnent à être servi frais (après deux heures passées au réfrigérateur), tandis que les vins plus corsés doivent être servis à 17/18°C. Ouvrir la bouteille 10 à 15 minutes avant de servir (sauf pour les vins âgés). Garde : 4 à 5 ans.
FICHE INAO | |
Appellation | AOC Bergerac rouge. |
Vins produits | Vin tranquille – Rouge. |
Reconnue depuis | 11 septembre 1936. |
Région – Localisation | Vignoble du sud-ouest – Département : Dordogne – Sous-région : Bergerac. |
Aire géographique | L’aire géographique s’étend sur 90 communes situées au sud-ouest du département de la Dordogne : Baneuil, Bergerac, Boisse, Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières, Bouniagues, Campsegret, Carsac-de-Gurson, Colombier, Conne-de-Labarde, Cours-de-Pile, Creysse, Cunèges, Eymet, Faurilles, Flaugeac, (Le) Fleix, Fonroque, (La) Force, Fougueyrolles, Fraisse, Gageac-et-Rouillac, Gardonne, Ginestet, Issigeac, Lalinde, Lamonzie-Saint-Martin, Lamothe-Montravel, Lanquais, (Les) Lèches, Lembras, Lunas, Maurens, Mescoules, Minzac, Monbazillac, Monestier, Monfaucon, Monmadalès, Monmarvès, Monsaguel, Montazeau, Montcaret, Montpeyroux, Mouleydier, Moulin-Neuf, Nastringues, Naussannes, Nojals-et-Clotte, Plaisance, Pomport, Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt, Prigonrieux, Queyssac, Rampieux, Razac-d’Eymet, Razac-de-Saussignac, Ribagnac, Rouffignac-de-Sigoulès, Sadillac, Saint-Agne, Saint-Antoine-de-Breuilh, Saint-Aubin-de-Cadelech, Saint-Aubin-de-Lanquais, Saint-Capraise-d’Eymet, Saint-Cernin-de-Labarde, Saint-Germain-et-Mons, Saint-Géry, Saint-Julien-d’Eymet, Saint-Laurent-des-Vignes, Saint-Léon-d’Issigeac, Saint-Martin-de-Gurson, Saint-Méard-de-Gurçon, Saint-Michel-de-Montaigne, Saint-Nexans, Saint-Perdoux, Saint-Pierre-d’Eyraud, Saint-Rémy, Saint-Sauveur, Saint-Seurin-de-Prats, Saint-Vivien, Sainte-Eulalie-d’Eymet, Sainte-Innocence, Saussignac, Serres-et-Montguyard, Sigoulès, Singleyrac, Thénac, Vélines, Verdon, Villefranche-de-Lonchat. |
Superficie plantée | 5030 hectares. (2) Le Bergerac Rouge représente 59% de la production des Bergerac. |
Encépagement |
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Conduite de la vigne |
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Mode d’élaboration |
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Maturité du raisin | Richesse en sucre naturel : 189 grammes par litre de moût. |
Fermentation malolactique | Les vins rouges présentent, au stade du conditionnement, une teneur en acide malique inférieure ou égale à 0,4 gramme par litre. |
Titre alcoométrique volumique | TAV naturel mini moyen : 11 % – TAV total maxi si enrichissement : 13,5 %. |
Normes analytiques | Teneur maximale en sucres fermentescibles (glucose + fructose) : 3g/l. |
Production/Rendement | 348 565 hectolitres (1) | 31 999 570 bouteilles (2) | Rendement de base : 60 hl/ha – Rendement butoir : 68 hl/ha. |
Nombre d’opérateurs |
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Téléchargez la version 2014 du Cahier des Charges de l’Appellation « Bergerac » – Source INAO 2005 (1) |
Source :
- (1) www.inao.gouv.fr, fiche consacrée à l’AOC Côtes de Bergerac rouge sur le site de l’INAO.
- (2) Chiffre relevé sur la page consacrée à l’AOC Bergerac rouge sur le site www.vins-bergerac.fr.
- (3) Bergerac et ses Vins, Marc-Henry Lemay, Éditions Féret, 1994, Bordeaux.
- (4) Page consacrée à l’AOC Bergerac sur Wikipedia.
Crédit Photos : Domaine public.