Quand vient l’automne, l’apiculteur visite son rucher. C’est la visite de pré-hivernage. Et depuis quelques années, il redoute de trouver ses ruches désertées, les essaims complètement détruits suite aux attaques des frelons asiatiques…
Quand vient l’automne, l’apiculteur visite son rucher. C’est la visite de pré-hivernage. Et depuis quelques années, il redoute de trouver ses ruches désertées, les essaims complètement détruits suite aux attaques des frelons asiatiques… Mais à ce fléau s’ajoute celui des pesticides et autres insecticides. Utilisés en trop grande quantité dans l’agriculture moderne, avec insouciance et pour des raisons de profits, ces produits chimiques sont toxiques pour les abeilles et néfastes pour la santé publique.
Les abeilles sont aussi soumises aux infections naturelles. Outre les tiques, parmi les parasites s’attaquant aux abeilles figure le varois (varroa jacobsoni (1)), un acarien qui suce le sang des abeilles. C’est lorsque la colonie est affaiblie que le varois peut complètement l’envahir et la décimer. Les champignons constituent une autre cause d’effondrement des colonies. Parmi eux, nosema cerenae (2), particulièrement virulent. Il s’attaque aux intestins des abeilles, provoquant des diarrhées qui libèrent des microspores et contaminent les abeilles saines.
Les ondes électromagnétiques pourraient également perturber la capacité d’orientation des abeilles qui auraient des difficultés pour rejoindre leur ruche.
Les spécialistes en matière de pollinisation de l’Inra estiment que 84 % des espèces de plantes à fleurs répertoriées sur la terre ont besoin des abeilles et 85 % des plantes cultivées en Europe ne survivraient pas sans ce service de pollinisation irremplaçable qu’assurent les butineuses… depuis la nuit des temps ! Les pollinisateurs sont un maillon indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes.
Si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’être humain n’aurait plus que quatre années à vivre, dit-on. Aujourd’hui nous y sommes, les abeilles sont véritablement en danger. Prenons conscience du fait que la survie de notre belle planète en dépend. Faisons tous un effort pour la préserver. L’espoir est encore permis !
En France, la production de miel a été divisée par trois, à un peu plus de 10 000 tonnes par an, et le nombre d’apiculteurs – amateurs et professionnels confondus – était de 85 000 en 1995, contre 70 000 (dont 2 000 professionnels) en 2017 !
Et si vous changiez la donne en semant et en plantant au printemps des fleurs et des plantes mellifères ? Ce geste tout simple peut faire une sacrée différence dans la vie de ces infatigables ouvrières. Aidez-les en introduisant dans votre jardin des plantations qui feront leur bonheur, à base de lavande, thym, coriandre, jacinthe, perce-neige, coquelicot, bourrache, fenouil, sauge, crocus, renoncule des champs, géranium, marguerite, bleuet, souci, dahlia, aster, myosotis, zinnia, cosmos, tournesol et héliotrope… les abeilles vous en remercieront !
Quant à la destruction des nids de frelons asiatiques, l’installation de pièges confectionnés à base de bouteilles plastiques d’eau minérale percées de trois trous et remplies de 10 cm d’un mélange composé d’1/3 de bière brune, 1/3 de vin blanc (pour repousser les abeilles) et d’1/3 de sirop de cassis est fortement déconseillé par l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel, Musée national d’Histoire naturelle). L’une des raisons est que les pièges capturent de nombreux autres insectes faisant parfois partie d’espèces rares ou protégées. L’INPN recommande d’installer des grilles autour des ruches, avec des mailles assez grosses pour laisser passer les abeilles, mais trop petites pour les frelons. Une alternative déjà utilisée par des apiculteurs, qui permet de diminuer le stress des butineuses.
Si la destruction des nids de frelons asiatiques représente une dépense que tout un chacun ne peut se permettre, un petit coup de pouce des pouvoirs publics serait le bienvenu dans cette bataille pour la préservation de la planète et les générations futures.
Et enfin, si vous aperceviez un essaim d’abeilles dans un buisson, un arbre ou tout autre support, pas de panique, les abeilles sont trop occupées et ne piquent que rarement… même si dans tous les cas la prudence reste de mise. Appelez alors un apiculteur professionnel ou amateur des environs qui viendra le recueillir afin de le préserver.
Gardez-vous bien d’utiliser des insecticides et pesticides destructeur de l’écosystème, faites place au naturel et recourez au purin de plante, comme autrefois les anciens savaient le faire, pour la santé de tous, insectes, oiseaux, papillons, hérissons… pour de belles cultures, de beaux légumes, et au final pour une chaîne alimentaire respectée et un écosystème en équilibre.
René Sznajder
Pourquoi s’inquiéter de la disparition des abeilles ?
Parce que ce sont les agents pollinisateurs les plus répandus sur la planète. Entre 60 et 90 % des plantes sauvages ont besoin d’insectes pollinisateurs pour se reproduire. Et à elles seules, les abeilles pollinisent environ 75 à 80% des plantes à fleurs (arbres, des fruits et légumes). La disparition des abeilles entraînerait donc la disparition de nombreuses espèces de plantes, notamment des arbres fruitiers et les légumes. On estime que la production annuelle de fruits et légumes pourrait baisser de 25 à 35% entrainant des conséquences désastreuses. D’abord, économiques avec une hausse brutale du prix de ces plantes, menaçant ainsi l’équilibre alimentaire de beaucoup de gens, surtout les plus défavorisés ; sans parler de la perte d’emploi qui toucherait tout un secteur d’activité. En 2016, on évaluait à 265 milliards de dollars la valeur du service rendu par la pollinisation dans le monde. Cela aurait également des conséquences dramatiques sur la chaîne alimentaire : à plus ou moins long terme, la majeure partie de la faune de la flore de la planète disparaîtrait.
Sources : zapiculture.com, greenpeace.fr, eco-planete.fr
10 conseils pour aider les abeilles
- Consommez un miel produit localement de manière à soutenir les apiculteurs de votre région. Assurez-vous de la qualité du produit : refusez les mélanges de miels ou les « miels » coupés avec des sucres de riz ou de maïs.
- Protéger l’habitat des abeilles en créant davantage de jardins et d’espaces verts avec des plantes indigènes favorables aux insectes pollinisateurs. Plutôt que le gazon nu, optez pour une prairie fleurie.
- Créer un bain pour abeilles en remplissant d’eau propre un récipient peu profond dans lequel vous aurez ajouté, en guise de perchoirs, des cailloux ou des brindilles où les abeilles qui pourront s’abreuver et se reposer.
- N’utilisez pas de pesticides, engrais et herbicides synthétiques dans le jardin. Choisissez des substituts biologiques que vous pulvériserez à des heures où les pollinisateurs sont le moins actifs.
- Hébergez des abeilles sauvages, sachant que 30% d’entre elles vivent dans des trous, à l’intérieur d’arbres ou de tiges creuses (les autres vivent sous terre). Pour cela, construisez-leur un « hôtel pour abeilles ».
- Plantez des arbres à fleurs. C’est en effet de là que les abeilles tirent la majeure partie de leur nectar.
- Aidez à la lutte contre les frelons asiatiques. Comment ? En signalant rapidement les nids de frelons à la mairie de votre commune.
- Parrainez une ruche. Un choix idéal pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se lancer dans l’apiculture.
- Si vous souhaitez aller plus loin, formez-vous à l’apiculture auprès de personnes compétentes. Rejoignez Le Rucher du Périgord : l’apiculture en Dordogne depuis 1897, la première structure apicole du Département en durée et en nombre d’adhérents.
- Sensibilisez votre entourage à la cause des abeilles. Prenez part aux diverses campagnes d’interdiction des pesticides.
Sources : consoglobe.com, futura-sciences.com.
Notes :
- (1) Voir la page Wikipedia consacrée au Varroa.
- (2) Voir la page Wikipedia consacrée au Nosema ceranae.
Crédit Photos :
- Patrick Romé, Kathy Büscher (Pixabay), Beverly Buckley (Pixabay), Émilie Sage.