L’Élanion blanc (Elanus caeruleus)

L’élanion blanc est bien présent sur le plateau de Faux-Issigeac (Dordogne).

C’était en été. La chaleur était torride et la faune très riche en oiseaux : églises couvertes de nids de cigognes blanches, aigles impériaux, aigles bottés, vautours, outardes barbue et canepetière, pies bleues et bien d’autres…

Je me souviens de vacances ornithologiques passées en Espagne, dans la merveilleuse province d’Estrémadure, en 1984. Bien sûr, je désirais cocher (1) des espèces européennes encore inconnues pour moi…

L’élanion blanc fut bien observé, alors qu’à cette époque il n’était pas encore très abondant. D’après les ouvrages de Paul Géroudet, ornithologue suisse figurant parmi les plus éminents naturalistes européens du XXe siècle, il était très rare et localisé dans l’extrême sud-ouest de l’Europe. Jamais je n’aurai pensé voir vivre et nicher ce beau rapace un jour en Dordogne !

Il y a environ huit ans de cela, nous le voyions apparaître en Bergeracois, du côté de Saint-Aubin-de-Lanquais. Aujourd’hui, il est devenu commun sur ces grandes zones de plaines. Nous pensons que le réchauffement climatique favorise son expansion.

Descriptif et particularités de ce rapace

Un peu plus gros que le faucon crécerelle, avec une envergure supérieure (80 à 87 cm), l’élanion blanc est un petit rapace facile à identifier : gris bleu sur le dessus, blanc en dessous, et les rémiges primaires noires. Des yeux rouges avec un petit masque noir et un petit bec noir lui donnent un air mystérieux. Si les circonstances ne permettent pas l’évaluation de la taille, la confusion avec le busard Saint-Martin reste possible, de loin.

Habitat et écologie

L’Élanion blanc fréquente les milieux ouverts, friches, céréales, prairies, luzernes… ce que l’on trouve sur les grands plateaux de Faux – Issigeac – Naussannes, où il se nourrit de différentes proies : campagnols, mulots, insectes, petits oiseaux inexpérimentés. La technique de chasse est le plus souvent l’affût, perché en haut d’un arbre ou d’un buisson. Il utilise aussi le vol stationnaire (dit Saint-Esprit) comme le faucon crécerelle, mais avec des mouvements d’ailes plus amples. Et enfin la quête, ou vol de prospection, sur son territoire de chasse. Il niche dans un arbre souvent isolé. Le mâle apporte les matériaux que la femelle arrange à l’intérieur du nid. Elle y dépose en février-mars 3 à 5 œufs qui sont couvés pendant 25 à 28 jours par la femelle principalement. Les jeunes acquièrent leur plumage complet au bout de 3 semaines et peuvent voler au bout de 4 à 5. Une deuxième nichée n’est pas rare. Cette belle performance de reproduction, 2,5 à 3 jeunes volants par couple, n’est pas étrangère à l’expansion rapide de l’espèce. Bien que très prolifique et en progression, ce bel oiseau n’a pour le moment en France qu’une population de 2 000 individus, et reste donc fragile. Dans les années à venir, les menaces pour sa survie viendraient de la multiplication des cultures intensives, de l’arrachage des haies, de l’abus de l’utilisation des engrais, pesticides et raticides de synthèse.

Promeneurs, allez vous ressourcer dans ces milieux ouverts, et assurément vous ferez la connaissance de ce petit fantôme diurne.

Serge Fagette, naturaliste LPO et SEPANSO
Photos Serge Fagette et Christabelle Ballet

À propos de l’Élanion blanc (Elanus caeruleus)

Ce petit rapace à grosse tête de la famille des Accipitridés est parfois appelé milan à épaulettes noires. Mais son nom officiel est Élanion Blac. Le terme Blac, choisi par la Commission internationale des noms français des oiseaux, prête à confusion et c’est pourquoi on lui préfère bien souvent l’appellation d’ Élanion blanc. Nom anglais : Black-winged Kite.

Il mesure de 30 à 35 cm de long pour une envergure de près de 78 cm et il pèse de 242 à 276 g. Bien qu’il soit de taille inférieure, on le confond souvent avec les Busards cendrés et Saint-Martin auxquels il s’apparente un peu à cause de colorations blanche, grise et noire. Toutefois, la silhouette est plus trapue et la queue plus arrondie. L’Élanion blanc est gris bleu pâle et blanc avec les épaules noires et les yeux rouge foncé. Les parties inférieures sont blanches. La tête est blanche, avec un petit masque noir autour de l’oeil. Le bec est plutôt court. Chez l’adulte, la cire du bec et les pattes sont jaunes, l’œil rouge foncé. Les pattes courtes et nues et les doigts sont jaunes. Les deux sexes sont semblables. Le jeune se distingue par les plumes du dos des ailes et des couvertures bordées de blanc, des marques brunâtres sur la calotte et la poitrine.

Il n’existe pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce.

Souvent posé sur des poteaux téléphoniques ou électriques, à la cime des arbres et hautes branches d’arbres morts, l’Élanion blanc chasse à l’affut, très souvent au crépuscule. Les petites proies sont dévorées en vol, et les plus grandes sont emportées sur une branche ou un rocher. Il chasse habituellement au crépuscule. Il dort dans des arbres, souvent en grands groupes de 500 oiseaux — Toutefois, ce n’est pas le cas actuellement en Europe où cette espèce ne dépasse pas les 2000 couples, bien qu’en nette expansion dans le monde. Quand l’Élanion blanc est posé, il relève et abaisse très souvent la queue. C’est peut-être une forme de parade, mais il le fait aussi quand il est excité. Il pratique des vols courts d’un arbre à l’autre en balançant les ailes. C’est la parade qui précède l’accouplement. Les deux parents sont agressifs si un intrus dérange le nid, et ils attaquent vigoureusement les autres rapaces et corvidés qui passent sur leur territoire. En raison de sa petite taille, l’Élanion ne traque que des proies de format modeste : petits rongeurs, passereaux terrestres, petits lézards, gros insectes.

Le vol de l’Élanion blanc est caractéristique : il fait fréquemment un vol stationnaire en décrivant des cercles dans le vent à la manière du Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), tandis que son vol battu, assez aérien, les ailes relevées, rappelle un peu celui des Busards Circus spp.

Sources : Oiseaux.net, Élanion blanc (Elanus caeruleus) – Black-winged KiteLPO, Elanion blancWikipedia, Élanion blac.


Notes :

  •  (1) Cocher : Littéralement, faire une marque – un trait, une croix, un signe – à côté d’une espèce dans une liste d’oiseaux appelée cochoir, après avoir vu cette espèce. Dans le jargon ornithologique, « cocher une espèce » ou « faire la coche d’une espèce » signifie tout simplement l’observer pour la première fois de sa vie dans la nature.

Crédit Photos :

  • Photos de l’élanion blanc prises sur le plateau de Faux-Issigeac © Serge Fagette et Christabelle Ballet.
    N.B. : ces photos ne peuvent être utilisées sans autorisation.

Cet article a été publié dans le numéro 16 du magazine « Secrets de Pays ».

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