Le Rosette fait partie des plus anciennes appellations constituant le noyau des vins de la région de Bergerac. En effet, son territoire correspond à celui qui a été délimité en 1322 sous l’appellation de « Vinée de Bergerac ». Si l’appellation d’origine contrôlée est obtenue par le décret du 12 mars 1946, elle faillit pourtant presque disparaître, mais fut sauvée dans les années 1960 par la venue d’un viticulteur rapatrié d’Afrique du nord. Il faudra attendre les années 1990 pour que le vignoble retrouve peu à peu toute sa noblesse, grâce aux efforts conjugués d’une petite dizaine de viticulteurs passionnés. Mœlleux, souple et rond, ce vin singulier est d’une grande élégance. Et c’est incontestablement l’une des appellations les plus confidentielles de France !
Issue de trois cépages – sémillon, sauvignon et muscadelle – l’AOC Rosette est un vin exclusivement blanc, mœlleux, à la robe très légèrement paillée. Le nez allie les arômes floraux (rose, chèvrefeuille, fleur d’acacia…) et fruités (agrumes, fruits exotiques, pêche…). En bouche, le sucre donne une onctuosité sans excès qui s’équilibre bien avec une pointe de fraîcheur agréable. Souple et rond, le Rosette est un moelleux d’une grande distinction. Les raisins sont récoltés à surmaturité, légèrement botrytisés (pourriture noble) puis pressés juste après la récolte. Bénéficiant d’une vraie typicité, ces vins sont une alternative séduisante à la richesse des liquoreux.
La superficie actuelle du vignoble pouvant bénéficier de l’AOC Rosette est de 125 hectares, répartis sur six communes du bergeracois, dont trois ont droit à l’appellation Pécharmant pour leurs vins rouges. Toutefois, ces vins sont actuellement produits sur moins d’une trentaine d’hectares de vignes. Le vignoble s’étend en arc de cercle, de l’ouest au nord de Bergerac, sur les coteaux ensoleillés de la rive droite de la Dordogne. La production moyenne est de 14 000 bouteilles, les très bonnes années.
Histoire de l’AOC Rosette
D’après les documents que nous a laissés l’histoire, nous savons qu’aux XIe et XIIe siècles, existaient, un vignoble qui dépendait du châtelain de Bergerac ainsi que, plus au nord, un vignoble ecclésiastique qui dépendait de la paroisse de Saint-Martin. Ces deux allaient prospérer et constituer le premier vignoble « privilégié » de Bergerac :celui de la « Vinée ». Cette « Vinée », dite « Vinée Nord » s’étendait, au nord de la Dordogne, de Bergerac jusqu’à la paroisse de Maurens et sa juridiction, Sainte-Foy des Vignes, Ginestet, Campsgret. Elle comprenait également le Prieuré de Saint-Martin, la paroisse de Lembras et, plus à l’est, s’étendait à celle de Creysse et au bourg de Mouleydier. Ce n’est qu’en 1495 que la « Vinée » s’agrandit en incluant les vignobles sis au sud de la Dordogne. Dès le XIIIe siècle, la Charte des Libertés encourageait l’exportation des vins de la Vinée de Bergerac vers l’Angleterre. Au cours des siècles suivants, leur renommée prospère et s’étend vers d’autres régions. Mais c’est entre 1650 et 1750, période que certains appellent le « siècle hollandais », que les vins de Bergerac atteignent l’apogée de leur réputation. – Marc-Henry Lemay. (3)
Antoine André Jullien, négociant en vin et œnologue français réputé, écrit ce qui suit dans la « Topographie de tous les vignobles connus » (1832) :
Bergerac, déjà cité pour ses vins rouges, récolte les meilleurs vins blancs non liquoreux de la rive gauche de la Dordogne : ils ont fort bon goût, du corps, de la sève et un bouquet agréable. On estime particulièrement ceux des cris nommés la Bruneterie, la Catte, Saint-Bris, Berbesson, Rosette et Rouay. (3)
En 1881, le phylloxéra détruit la plus grande partie du vignoble des coteaux de Rosette, comme ceux de Monbazillac et Pécharmant d’ailleurs. En 1883, l’ancien vignoble n’existe plus, les gelées de l’hiver 1882 ayant détruit les quelques vignes qui restaient.
En 1903, Edouard Féret, dans son ouvrage « Bergerac et ses vins » cite les vins blancs produits sur la côte nord de la ville de Bergerac, sur les communes de Bergerac, Prigonrieux, La Force, Ginestet, Lembras, Creysse, Saint-Sauveur et Mouleydier, comme étant des vins très agréables.
C’est le 2 mai 1943, à l’initiative de la commission d’experts du comité national des appellations d’origine chargée de procéder à la délimitation des appellations d’origine contrôlée du Bergeracois, qu’est créé le syndicat viticole unique : Rosette-Pécharmant. L’AOC Rosette est reconnue par le décret du 12 mars 1946. Dans les années 1950, la production maximale annuelle est de 5000 hectolitres. Puis, la production ne cesse de chuter jusqu’aux années 1980, tant et si bien que cette appellation a bien failli disparaître. Au-delà du désintérêt du consommateur pour ce type de produit, le développement urbain de Bergerac et de sa banlieue a aussi entraîné une forte diminution du vignoble. Elle réapparait avec la venue d’un viticulteur rapatrié d’Afrique du nord.
Révision de l’air parcellaire de production telle qu’elle a été approuvée par le comité national compétent de l’Institut national de l’origine et de la qualité lors de la séance des 6 et 7 novembre 1991. 10 viticulteurs ont revendiqué cette appellation en 2000, représentant 28 hectares et 970 hectolitres.
Terroir de l’AOC Rosette
La ville de Bergerac se situe au pied d’un amphithéâtre de collines dont la partie occidentale abrite la zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Rosette » et la partie orientale abrite celle de l’appellation d’origine contrôlée « Pécharmant ». Cet amphithéâtre est limité naturellement, au sud, par la vallée de la Dordogne et est encadré par les massifs forestiers du Landais, de Montclard et de Liorac. La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Rosette » comprend ainsi la partie nord-ouest du territoire de la commune de Bergerac ainsi que les territoires des 5 communes qui l’entourent.
Le vignoble est établi sur un sol de roches détritiques du Pléistocène. Ce sont des sables argileux mêlés de graviers et riches en fer qui ont été amenés par la rivière. Ils sont issus de l’érosion d’arènes granitiques du Massif central et se sont déposés en couches relativement épaisses sur le substrat sédimentaire de la région (calcaire). Ce sol est à pH à tendance acide. Ce sont des sols bien drainants peu fertiles qui se réchauffent vite au printemps. Cela en fait un facteur favorable à la culture de la vigne, entrainant une bonne précocité et plus tard une maturité optimale. Le terroir est essentiellement constitué par les dépôts argilo-sableux, parfois graveleux, riches en fer provenant du démantèlement des arènes granitiques du Massif Central. (4)
Accords à table
Les Rosette s’apprécient particulièrement avec des fruits de mers, des poissons en sauce ou des plats de volailles, des entrées à base de champignons ou de truffe, du foie gras, ou tout simplement à l’apéritif. Il accompagne bien les fromages à pâte persillée comme le bleu d’Auvergne.
Température de service : 8 à 10°C. Garde : 6 à 20 ans.
FICHE INAO | |
Appellation | AOC Rosette |
Vins produits | Vin tranquille – Blanc – Doux. |
Reconnue depuis | 12 mars 1946. |
Région – Localisation | Vignoble du sud-ouest – Département : Dordogne – Sous-région : Bergerac. |
Aire géographique | L’appellation s’étend sur les communes de Bergerac, Lembras, Creysse, Maurens, Prigonrieux et Ginestet. |
Superficie plantée | 24 hectares. (2) |
Encépagement |
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Conduite de la vigne |
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Mode d’élaboration |
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Maturité du raisin | Richesse en sucre naturel : 196 grammes par litre de moût. |
Titre alcoométrique volumique | TAV naturel mini moyen : 12% – TAV total maxi si enrichissement : 15%. |
Normes analytiques |
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Pratiques interdites |
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Production/Rendement | 764 hectolitres (1) | 99 999 bouteilles (2) | Rendement de base : 50 hl/ha – Rendement butoir : 60 hl/ha. |
Nombre d’opérateurs | |
Téléchargez la version 2014 du Cahier des Charges de l’Appellation « Rosette » – Source INAO 2005 (1) |
Source :
- (1) www.inao.gouv.fr, fiche consacrée à l’AOC Rosette sur le site de l’INAO.
- (2) Chiffre relevé sur la page consacrée à l’AOC Rosette sur le site www.vins-bergerac.fr.
- (3) Bergerac et ses Vins, Marc-Henry Lemay, Éditions Féret, 1994, Bordeaux.
- (4) Page consacrée à l’AOC Rosette sur Wikipedia.
Crédit Photos : Domaine public.