L’AOC Pécharmant produit sans conteste les meilleurs des Bergerac rouges, des vins d’une grande typicité capables, les bonnes années, de soutenir la comparaison avec certains Saint-Émilion ou Pomerol, selon qu’ils sont légers ou charpentés. Situé au nord de Bergerac, sur la rive droite de la Dordogne (face à Monbazillac), le vignoble est constitué de coteaux disposés en hémicycle. Idéalement orienté au sud, il bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel. Le Pécharmant est le plus ancien vignoble du Bergeracois dont l’existence est attestée dès le XIe siècle.
Merlot Noir, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Côt Rouge ou Malbec sont les cépages qui participent à l’élaboration de l’AOC Pécharmant. Son goût incomparable provient de la particularité de son sous-sol constitué de sable et de graviers du Périgord, issu de la transformation des roches granitiques du Massif Central. Le terroir a subi un lessivage superficiel entraînant l’argile et le fer en profondeur. Cette couche d’argile ferrugineuse et imperméable est localement appelée « Tran ».
Toute la richesse du Pécharmant provient de l’équilibre de l’assemblage des cépages parvenus à parfaite maturité, soit en moyenne 36% de cabernet sauvignon pour le corps et le bouquet, 16% de cabernet franc pour un parfum plus tendre, 41% de merlot pour la souplesse, 7% de côt rouge ou malbec pour le velouté. – Michel Delpon. (3)
Les vins de Pécharmant possèdent une belle robe de couleur rouge sombre et dense. Le nez mêle des arômes de fruits noirs tels que le cassis et la mûre mais également des notes vanillées, épicées et boisées. En bouche, ce sont des vins amples et riches en tanins, généreux, corsés et bien charpentés. Les vins jeunes ont souvent de la mâche sans tomber dans la rusticité. Les tannins s’assouplissent en vieillissant tout en gardant une certaine fermeté. Ce sont des vins au charme puissant, d’une grande typicité et intensité aromatique. Vin de garde par excellence, les grands millésimes peuvent se consommer jusqu’à 15 à 20 ans.
Seules quatre communes produisent du Pécharmant : Creysse, Bergerac, Lembras et Saint-Sauveur. La superficie de ce vignoble, en pleine expansion, est de 420 hectares.
Histoire de l’AOC Pécharmant
Pécharmant est un lieu-dit de la commune de Bergerac qui s’est appelé « Puycharman », puis « Pech-Charmant », et, finalement, par francisation, « Pécharmant ». L’étymologie de ce nom évoque la colline, ou « pech » en occitan, accolé à « charman ». « Colline charmante », en raison de sa position dominante sur la ville de Bergerac et la vallée de la Dordogne. Ou bien un certain Hermann, visiteur wisigoth, aurait lié son nom au lieu, à moins que ce ne soit un autochtone répondant au patronyme d’Armand. Seule certitude : le nom « Puecharma » est attesté dans un livre dès 1456.
L’origine du vignoble bergeracois remonte au XIe siècle. En fait, à cette époque, il y avait deux vignobles distincts : l’un était seigneuriale et l’autre ecclésiastique. Le premier était sous la juridiction du castrum de Bergerac et le deuxième dépendait du prieuré de Saint-Martin, fondé en 1080 par l’abbé de Saint-Florent de Saumur. Ces vignobles allaient prospérer et constituer le premier vignoble « privilégié » de Bergerac : celui de la « vinée » dont l’origine remonte à 1254.
Cette prospérité est due tout d’abord aux franchises données à la ville par Henri III. La Charte des Libertés encourageait l’exportation des vins de la Vinée de Bergerac vers l’Angleterre. En 1322, le droit d’apposer sur les fûts de vin sortant de leur territoire une marque particulière fut accordé par Renaud de Pons, seigneur de Bergerac, aux consuls et habitants de la cité : sur une face, un pied de griffon, sur l’autre, une tour. Cette concession est confirmée en 1326, dans les Statuts et Coutumes accordés par Jeanne de Pons, dame de Bergerac et Archambault III, comte du Périgord, son époux.
De 1337 à 1453, la guerre de Cent Ans opposa la dynastie des Plantagenêts à celle des Valois, et à travers elles le royaume de France et celui d’Angleterre. En raison des turbulences de la guerre, le vignoble bergeracois (qui s’était étendu vers le sud avec Monbazillac) prend naturellement place parmi les vignobles exportateurs vers les îles Britanniques car lié à la couronne d’Angleterre par la maison d’Albret. Après la guerre de Cent Ans, le vignoble appartient aux bourgeois de Bergerac et seuls les vins provenant de la « Vinée » pouvaient librement circuler dans la ville.
Au XVIe siècle, lors des Guerres de religion, le pays de Bergerac fut déchiré entre Catholiques, minoritaires mais appuyés par le pouvoir royal, et Protestants, soutenus par la cour de Navarre. En raison des persécutions dont ils furent l’objet, de nombreux Huguenots s’enfuirent en Hollande, et un commerce prospère s’établit aussitôt entre ces deux régions. Mais c’est entre 1650 et 1750, période que certains appellent le « siècle hollandais », que les vins de Bergerac atteignent l’apogée de leur réputation.
En 1880, le phylloxéra dévaste l’ensemble du vignoble. Il faut attendre 1895 pour que les meilleures parcelles soient replantées. En 1943, le syndicat viticole est créé et, en 1946, l’appellation d’origine contrôlée « Pécharmant » initialement reconnue parle décret du 12 mars 1946. Le gel de 1956 a fait de gros dégâts.
En 2000, ce vignoble se composait de 395 ha de vignes, produisant 19 800 hl déclarés en Pécharmant. En 2009, 50 producteurs participent à la vie de cette appellation d’origine contrôlée et 15 d’entre eux sont adhérents d’une cave-coopérative.
Terroir de l’AOC Pécharmant
C’est une zone sédimentaire. La roche mère du sous-sol est un calcaire du mésozoïque sur laquelle la rivière a amené des sables argileux riches en fer, mêlés de graviers issus de l’érosion du Massif central. Une petite partie de l’AOC concerne une terrasse graveleuse de la rivière.
Les sols disponibles à la vigne sont de sables et graviers du Périgord qui renferment en profondeur une couche d’argile ferrugineuse appelée « Tran ». Cette couche a été créée par la cristallisation des minéraux lessivés en surface. C’est un sol assez peu fertile qui se compacte avec les précipitations si le taux de matière organique (humus) est insuffisant (phénomène de battance). Ce terroir est propice à la vigne dont la vigueur est modérée par les conditions pédologiques peu favorables. (4)
Les calcaires secondaires forment le soubassement de l’appellation. Ils sont recouverts de dépôts argilo-sableux, riches en fer, entrecoupés d’épandages plus grossiers de galets provenant de l’érosion du Massif Central. Quelques lambeaux de terrasses graveleuses se rencontrent sur le versant sud dominant la vallée de la Dordogne. (1)
Accords à table
Les vins de Pécharmant sont parfaits avec la viande rouge et le gibier, viandes rôties de porc ou d’agneau, confit de canard, fromages.
Température de service : 17°C. Garde : vin de garde par excellence, il peut se consommer à partir de 3 ans, mais il atteint sa plénitude vers 6 ou 7 ans. Les grands millésimes peuvent se garder jusqu’à 15 à 20 ans.
FICHE INAO | |
Appellation | AOC Pécharmant |
Vins produits | Vin tranquille – Pécharmant. |
Reconnue depuis | 12 mars 1946. |
Région – Localisation | Vignoble du sud-ouest – Département : Dordogne – Sous-région : Bergerac. |
Aire géographique | L’aire géographique s’étend sur 4 communes de la partie nord-est de Bergerac : Bergerac, Creysse, Lembras, Saint-Sauveur. |
Superficie plantée | 420 hectares. (2) |
Encépagement | Assemblage d’au moins 3 des 4 cépages suivants : cabernet franc, cabernet sauvignon, cot et merlot. La proportion d’un seul cépage ne peut dépasser 65 % dans l’assemblage. |
Conduite de la vigne |
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Mode d’élaboration |
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Maturité du raisin | Richesse en sucre naturel : 198 grammes par litre de moût. |
Fermentation malolactique | Les vins rouges présentent, au stade du conditionnement, une teneur en acide malique inférieure ou égale à 0,3 gramme par litre. |
Titre alcoométrique volumique | TAV naturel mini moyen : 11,5 % – TAV total maxi si enrichissement : 13,5 %. |
Normes analytiques |
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Production/Rendement | 18 459 hectolitres (1) | 1 999 945 bouteilles (2) | Rendement de base : 45 hl/ha – Rendement butoir : 54 hl/ha |
Nombre d’opérateurs | |
Téléchargez le Cahier des Charges de l’Appellation « Pécharmant » – Source INAO 2005 (1) |
Source :
- (1) www.inao.gouv.fr, fiche consacrée à l’AOC Pécharmant sur le site de l’INAO.
- (2) Chiffre relevé sur la page consacrée à l’AOC Pécharmant sur le site www.vins-bergerac.fr.
- (3) Les Vins de Bergerac, Découvrir le Périgord Pourpre, Michel Delpon, Éditions Féret.
- (4) Page consacrée à l’AOC Pécharmant sur Wikipedia.
Crédit Photos : Domain public.