La fête de la Résistance aux Bois de Larocal

À Sainte Sabine, canton de Beaumont du Périgord, une grande fête dédiée à la Résistance est organisée chaque année dans le cadre verdoyant des bois de Larocal. Cette manifestation initiée par des résistants locaux en 1946 est devenue, au fil des ans, un événement estival incontournable, apprécié par la qualité et la variété de ses spectacles.

Animés du devoir de mémoire, les membres du comité des fêtes s’efforcent de la faire vivre tant pour son caractère symbolique que pour perpétrer un rendez-vous festif prestigieux et unique en milieu rural.

L’origine de la fête de la Résistance aux Bois de Larocal

Souvenez-vous : fin 1942, l’ordre nazi s’impose en Europe. Les unes après les autres, les Nations se soumettent. Les peuples se voient contraints de plier l’échine. En France, la République est reniée. Beaucoup perdent espoir et s’en remettent à un vieux Maréchal qui vendra cette patrie républicaine aux pires ennemis de la démocratie. Cependant, au cœur de cette nuit noire, une flamme s’allume : la jeunesse, des filles et des fils du peuple de France âgés en moyenne de 20 à 30 ans. Ils ne peuvent accepter la barbarie à laquelle la majorité se résigne. Ils quittent tout : les habitudes de la vie quotidienne, le refuge familial, la sécurité d’un travail, et entrent en résistance pour défendre la démocratie. Qualifiés alors de terroristes, voire de fous, personne ne croit à leur chance de succès. Eux-mêmes se croient condamnés et ont pour devise : « Mieux vaut mourir debout que vivre dans la soumission et la honte ».

Les bois de Larocal ne sont pas, alors, un haut-lieu de la Résistance. Mais en juin 1944, les Allemands les pénètrent afin d’y traquer les maquisards. Sept jeunes résistants de la petite commune de Sainte Sabine furent tués sur le front de La Rochelle, à La Pointe de Grave ou encore fusillés à Tourliac.

Lors d’une fête, Yves Besse, membre du Comité des fêtes et de l’association des Amis de la Résistance témoignait : « Lorsque les Allemands sont venus à Larocal au mois de juin 1944, avec une impressionnante colonne de 90 blindés et d’innombrables camions de soldats pour déloger les maquisards retranchés dans ce bois, je n’avais que 13 ans et cela se passait pratiquement devant ma porte. J’ai été profondément marqué par la violence de l’engagement. Ils avaient encerclé partiellement ce bois et ils ont tiré longtemps, plus de deux heures durant, à la mitrailleuse et au canon vers cette forêt. Ils avaient été renseignés par des Français… Heureusement, les maquisards avaient quitté le bois et il n’y a pas eu de victimes. Je me suis retrouvé en première ligne car, en essayant de fuir avec ma grand-mère dans un champ de blé, ils nous ont vu de très loin et nous ont tiré dessus quatre ou cinq rafales au pistolet mitrailleur. Les épis de blé tombaient autour de nous. On n’en menait pas large, ce n’était pas de la tarte… Deux ans plus tard, j’étais parmi les instigateurs de cette fête commémorative. Je posais les guirlandes et j’aidais à caler le plancher du bal en plein air, autour d’un bouquet d’arbres. On faisait ce qu’on pouvait, on y mettait tout notre cœur… Nous étions heureux de retrouver le goût de la fête après cette période noire. »

Quelques années après sa création, la fête rassemblait tous les responsables départementaux de la résistance, et le public, de plus en plus nombreux, se bousculait pour danser et assister aux feux d’artifice.

La fête aujourd’hui

Les membres du Comité des fêtes, amis ou famille de ces résistants, animés d’une grande solidarité, ont gardé intacte la volonté, durant toutes ces années, de développer cette fête commémorative. Elle met à l’honneur ceux qui ont fait don de leur vie pour préserver la liberté et qui seraient heureux aujourd’hui de voir la jeunesse libre d’exprimer ses opinions dans un pays démocratique. Leur combat n’a donc pas été vain. Aujourd’hui célèbre par la qualité de ses animations, elle réunit, chaque année, un très large public.

Un week-end placé sous le signe de la fraternité et de la convivialité

Le dimanche matin, la commémoration au monument aux morts de Sainte Sabine constitue un moment solennel rendant hommage à tous les résistants de la Deuxième Guerre mondiale. Le samedi soir, un bal est organisé dans une salle installée à l’orée des bois. On y danse la valse, le tango et la java au son de l’accordéon, des guitares et de la batterie ! Chaque année un grand show est réalisé par l’un des plus talentueux orchestres nationaux : Brahm’s, Pellegrini, Tacinelli, etc. Une vaste scène permet d’offrir un spectacle son et lumière grandiose. Ces dernières années, le comité des fêtes a invité des artistes de renom tels Émile et Image, Philipe Lavil, Collectif Métissé. Parallèlement, des jeux et manèges sont installés par des forains pour les enfants. Et, comme toujours en Périgord, la gastronomie est de mise. Des stands dédiés à la restauration peuvent satisfaire toutes les faims, du sandwich aux grillades en passant par la soupe paysanne. Quant aux desserts, y figurent les incontournables crêpes préparées sur place. Sodas, bières pression ou vin de nos régions les accompagnent pour le plus grand plaisir des gourmets et gourmands. Un superbe feu d’artifice, clou de la soirée, illumine les bois de Larocal dès minuit. Depuis des années, le comité des fêtes fait confiance aux établissements Brézac, une société familiale créée en 1964 dont le rayonnement est aujourd’hui international.

Fête de Laroqual : préparation de la soupe paysanne

Fête de Laroqual : préparation de la soupe paysanne (haricots et couenne !)

Cette année encore, les 18 et 19 juillet 2015, la fête sera au rendez-vous dans les bois de Larocal, pour sa soixante neuvième édition !

L’association des bois de Larocal

« L’association des bois de Larocal » est une association à but non lucratif ayant pour objectif d’organiser la fête de la résistance. Son financement est intégralement assuré par les recettes de la fête et des lotos organisés tout au long de l’année. Le bureau est composé de Jean-Claude Castagner, président, Claudine Combe, secrétaire et Annie Besse, trésorière.

Texte & photos, Jean-Claude Castagner

Cet article a été publié dans le numéro 6 du magazine « Secrets de Pays ».

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