Elle n’avait que deux ou trois semaines lorsque je l’ai découverte. Abandonnée par sa mère probablement morte, victime de pièges ou écrasée sur la route. Affamée et apeurée, elle avait quitté son nid douillet pour échapper à une mort certaine. Bien que très jeune et extrêmement farouche, elle se cachait immédiatement à la vue d’une silhouette humaine. Je l’ai observée quelques heures, sans chercher à l’attraper afin d’éviter tout contact avec l’humain.
La sachant en danger, j’ai spontanément rempli une petite coupelle de lait que j’ai déposée à proximité de sa cachette. Le lendemain, la coupelle vide laissait supposer que la petite fouine l’avait bu, à moins que ce soit un chat de passage… Je n’en sus rien ! Je choisis de renouveler l’opération en prenant soin qu’aucun autre animal ne puisse se servir et en limitant le plus possible mon temps de présence à proximité de la cachette.
Je devins alors observateur attentif des alentours… Au bout d’une quinzaine de jours, se sentant en sécurité… ou attiré par la faim, le petit animal pointa le bout de son nez. Cela me suffit pour avoir désormais la certitude qu’elle logeait bien là.
Le temps s’écoula… Deux mois plus tard, elle sortait, confiante, pour manger dès que je déposais sa nourriture.
Un jour, je m’assis près de sa cache, la coupelle de lait sur mes genoux. À ma grande surprise, sans aucune hésitation, elle a sauté sur mes genoux, a avalé rapidement un peu de nourriture puis est vite repartie se cacher.
Ainsi pendant quelques semaines j’ai eu le plaisir immense de voir chaque jour ce petit animal sauvage ! Plus je l’observais, plus je me demandais si ne l’avais pas privé de sa liberté. Je lui avais sûrement sauvé la vie, mais est-ce suffisant ? Je réduisis progressivement la nourriture. Malgré cela, elle était toujours dans le même secteur et n’hésitait pas à me rendre une petite visite à la tombée de la nuit.
Un jour elle disparut définitivement, sans doute pour rejoindre ses congénères ou plutôt flirter (bien que trop jeune encore) avec une petite amie, car nous étions en août et c’était la saison des amours chez les fouines. Elle reprit sa liberté…
Une belle rencontre où cette fois-là encore la patience, mon attention pour la nature et le respect de la vie m’ont offert beaucoup de satisfactions. Suite à de tels moments, il m’arrive parfois (assez souvent en vérité) de transposer aux humains. Je rêve alors d’un monde meilleur pour tous… mais ceci est une autre histoire !
Texte et photos, © Pierre Boitrel
Comment distinguer la fouine de la martre des pins ? Pas si facile !
La fouine fait partie de la famille des mustélidés, au même titre que la belette, le blaireau ou le putois. Des confusions sont possibles entre certaines espèces. Comme signalé précédemment, pour distinguer la fouine de la martre des pins, il faut avant tout observer attentivement la forme du jabot blanc présent sur le poitrail : chez la martre, celui-ci est en général plutôt jaunâtre, et non blanc comme chez la fouine. Mais, comme le plastron de la fouine est souvent assez sale, le blanc, dans ces conditions, devient… jaunâtre. Toutefois, un autre indice devrait vous aider : chez la fouine, ce jabot est divisé en deux pointes, alors que la martre a un jabot pointu, « comme un fanion de scout », pour reprendre l’expression de Pierre-Olivier Templier. (1)
Notes :
- (1) La Fouine ou Martes foina, www.antiopa.info.
- Consultez notre article consacré à la martre : La Martre des Pins, souvent confondue avec la Fouine.
Une bien belle histoire de nature comme on aimerait en lire tant !!!! Bravo à Mr Boitrel, et aussi très belles photos.