Intensément chassée pour sa fourrure, mais aussi parce que ce « mangeur de poissons » était considéré comme étant un concurrent pour l’Homme, les effectifs de la loutre d’Europe ont commencé à régresser à partir des années 1930. Elle a quasiment disparu de nos paysages périgourdins dans les années 1970. En France, sa chasse a été interdite en 1972, ainsi que les pièges à mâchoire en 1994. Cet animal devenu rare bénéficie d’un statut de protection mondial depuis 1973(Convention de Washington) et européen depuis 1979 (Convention de Berne). D’espèce nuisible ou indésirable, elle est passée peu à peu au statut d’une espèce patrimoniale. Malgré ces mesures de protection, la loutre d’Europe est toujours considérée comme une espèce « quasi-menacée », c’est-à-dire proche du seuil des espèces menacées d’extinction. Toutefois, en France, après avoir frôlé la disparition, les effectifs sont en progression, y compris en Périgord où l’on assiste à son retour, principalement dans la vallée de la Dordogne.
Comme tous les super-prédateurs qui occupent une place en haut de la chaîne alimentaire, la loutre d’Europe est considérée comme un très bon indicateur de la qualité écologique. En effet, elle a besoin d’un cadre de vie qui se caractérise par la présence d’eau permanente, d’une nourriture abondante disponible toute l’année, d’un environnement propice à l’installation de gîtes diurnes, de zones de quiétude, au moins pour le repos et la mise à bas. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, on est en présence d’un environnement préservé, susceptible d’être colonisé par cet animal exigeant…
La loutre d’Europe représente donc une belle réussite de réapparition d’une espèce dont on craignait sa disparition puisqu’il s’agit d’un repeuplement spontané qui n’a nécessité aucune opération de réintroduction. À partir du haut bassin de la Dordogne et de l’Auvergne d’une manière générale, elle colonise à nouveau la France entière. Pour s’installer, il lui faut des espèces de ripisylves (formations végétales, boisées ou herbeuses, présentes sur les rives d’un cours d’eau) encore sauvages et non urbanisés. Elle descend de manière continue jusqu’à Sarlat et la moyenne vallée, tandis qu’une seconde population probablement issue des régions atlantiques progresse vers l’amont du bassin. Espérons que ces deux populations effectuent leur jonction d’ici peu… Aujourd’hui, on peut l’observer sur la Dordogne et ses affluents, notamment dans le haut bassin du Céou et sur la partie basse du bassin de la Lidoire.
Généralités
La Loutre d’Europe est une espèce de mammifère carnivore, strictement sédentaire, habituellement territoriale et individualiste. C’est aussi un animal amphibie, parfaitement adapté à la vie aquatique, de la famille des Mustélidés (sous-famille Lutrinés), à la silhouette hydrodynamique. Elle est l’une des trois espèces de loutres se rattachant au genre Lutra. En France, on ne trouve que cette seule espèce de loutre.
Sa morphologie fait d’elle le carnivore et le mustélidé le mieux adapté au milieu aquatique : son corps allongé, fusiforme, ses pattes courtes, épaisses et robustes, ses cinq doigts reliés par une palmure, lui assurent un déplacement rapide dans l’eau, sa queue longue, épaisse et musclée lui servant de gouvernail. Ses yeux et ses oreilles de petite taille – deux à trois centimètres – étant situés au sommet de son crâne aplati, elle continue à voir, entendre et respirer lorsqu’elle est presque totalement immergée, d’autant plus que ses narines sont obturables. Toutefois, sa capacité totale d’apnée ne dépasse guère trente secondes à une minute, à des profondeurs inférieures à 10 m(2). De longues vibrisses, situées de part et d’autre du museau, au-dessus des yeux, et sur l’articulation des pattes avant, augmentent l’efficacité de la chasse et du repérage, particulièrement la nuit ou en eaux marécageuses ou tourbeuses, où le sens tactile est le principal mode de repérage de la loutre. Sa mâchoire possède 36 dents dont 18 dents sur la partie supérieure de la mâchoire et 18 sur la partie inférieure. À terre, elle se déplace en trottant ou en galopant, le dos légèrement bombé.
Les individus des deux sexes sont morphologiquement très semblables, mais peuvent être différenciés sur le terrain par un observateur averti, notamment grâce à la forme du front qui est plus proéminent chez le mâle. Le pelage est marron foncé, plus clair sur la face ventrale, surtout au niveau du cou. Les lèvres et parfois le cou présentent des taches blanchâtres qui peuvent permettre une identification des individus. Les juvéniles, gris à la naissance, ont la même couleur que les adultes lorsqu’ils commencent à s’aventurer en dehors de leur catiche (terrier) vers l’âge de 2-3 mois. (1)
La couleur de sa fourrure varie du marron foncé à la couleur chamois clair, et présente souvent une zone plus claire (brun clair à gris-blanc), éventuellement marquée de taches blanches, sur le ventre et le cou, et de moustaches blanches recouvrant de larges lèvres. La coloration est plus foncée en hiver qu’en été. Son pelage est composé de deux sortes de poils : des poils de bourre qui retiennent près de la peau une mince couche d’air, lui assurant ainsi une bonne isolation thermique, et des poils de jarre, plus longs (25mm) sur lesquels l’eau glisse, ce qui améliore l’hydrodynamisme de l’animal.
Ils atteignent la taille adulte vers six mois, mais se distinguent encore de leur mère par leurs poils légèrement plus longs et plus redressés (pelage plus « hirsute »). La Loutre d’Europe est un mammifère semi-aquatique très bien adapté à son milieu, notamment grâce à son corps fuselé qui la rend parfaitement hydrodynamique, à la présence de palmes aux pattes antérieures et postérieures et à son pelage particulièrement dense qui comprend entre 60 000 et 80 000 poils/cm2 (DE JONGH 1986, KUHN 2009), ce qui limite fortement les pertes de chaleur dans l’eau. Le pelage est constitué à plus de 98 % de poils de bourre fins et ondulés qui emprisonnent des bulles d’air, recouverts par des poils de jarre plus épais et presque deux fois plus longs qui empêchent la bourre d’être mouillée. La détermination de l’âge peut se faire grâce au comptage des stries dentaires et éventuellement par l’observation de la structure crânienne après autopsie (SKAREN 1987). (1)
Comme chez tous les mustélidés, le dimorphisme sexuel est assez prononcé chez cette loutre d’Europe : les mâles mesurent généralement de 1 m à 1,35 m (exceptionnellement jusqu’à 1,60 m), dont 40 à 45 cm de queue, pour une masse de 7 à 12 kg (exceptionnellement jusqu’à 14 kg). Les femelles sont plus petites et plus légères, elles mesurent de 90 cm à 1,2 m, dont environ 35 à 40 cm de queue, et pèsent de 5 à 8 kg, soit un poids inférieur d’environ 28 % par rapport aux mâles.(3)
Mode de vie de la loutre
La loutre d’Europe est un carnivore individualiste et territorial. Les territoires sont généralement très étendus, ceux des mâles englobant les territoires de plusieurs femelles. Le domaine vital de la loutre adulte s’étend de 5 à 10 km le long d’un cours d’eau et couvre une surface de 10 à 20 km², et 10 à 30 km² dans les zones marécageuses qu’elle affectionne. En milieu côtier, les territoires sont plus petits et ne dépassent généralement pas les 10 km de rivages. La nuit, la loutre peut se déplacer sur une distance assez longue : jusqu’à 15 km.
La loutre d’Europe vie près de l’eau. Elle passe une grande partie de son temps dans l’eau. Pour nager, elle étend ses membres le long de son corps, et, pour remonter rapidement à la surface, elle se propulse grâce aux pattes arrières et à sa queue.
Alimentation
La loutre est un prédateur plutôt opportuniste qui s’alimente en fonction des circonstances, du milieu et de la saison. Elle se nourrit essentiellement de poissons ponctionnés parmi les plus espèces les plus abondantes localement : anguilles, truites, perche, carpe, chevaline, vairons, goujons, chabots, gardon, épinochettes et épinoches… Ce régime essentiellement ichtyophage représente 50 à 90 % de la biomasse de nourriture ingérée. La loutre complète ce régime avec de petits rongeurs (campagnols, rats musqués, mulots, jeunes ragondins et, très occasionnellement, lapins, soit tout au plus 20 % de leur alimentation), des crustacés (notamment des écrevisses, autochtones et américaines introduites dans les cours d’eau – Pacifastacus leniusculus –, soit 30 à 50 % des aliments ingérés par la loutre à certaines périodes), des mollusques (escargot, moules) des batraciens (crapauds, grenouilles), de gros insectes, et, plus exceptionnellement, de petits oiseaux d’eau. En fin d’été, la loutre améliore son ordinaire avec des fruits ou des baies comme la myrtille. Sa consommation journalière de nourriture représente 10 à 15 % de son poids corporel, soit généralement de 500 g à 1500 g.
Reproduction
La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans. S’il y a parfois des accouplements précoces, ils sont jamais fécondants. La période de reproduction se déroule en toute saison, mais avec une seule portée annuelle. Tout accouplement est précédé de parades amoureuses, exécutées sur terre ou dans l’eau. Les accouplements ont lieu principalement dans l’eau et dure de 10 à 50 minutes. Ils se succèdent à intervalles allant de quelques minutes à quelques heures. Des incertitudes demeurent en ce qui concerne la durée du cycle. Celle-ci est estimée dans une fourchette de 30 à 45 jours, mais pourrait être inférieure à deux semaines. La durée de la gestation est de 58 à 60 jours. Les portées comptent généralement un ou deux loutrons, rarement trois et exceptionnellement quatre. La parturition dure deux à trois heures, l’expulsion des jeunes peut prendre quelques secondes à cinq minutes, et ce, toutes les vingt minutes en moyenne. L’émancipation des jeunes a lieu entre huit et dix mois.(3)
À leur naissance, les loutrons sont couverts de fourrure, mais aveugles (leurs yeux s’ouvrent entre 21 et 40 jours) ; les quatre premiers mois de l’allaitement, ils sont entièrement dépendants de leur mère. Leur croissance est assez rapide puisqu’ils atteignent leur taille adulte à l’âge d’un an, mais l’apprentissage de la nage et de la chasse est particulièrement difficile. La femelle doit souvent pousser à l’eau ses jeunes (le premier bain a lieu entre 40 et 90 jours), et elle leur apporte des proies étourdies pour leur apprendre les gestes de capture et de mise à mort. Pendant ces 10 premiers mois d’apprentissage, la femelle refuse le mâle, et elle s’occupe activement de sa progéniture, préférant souvent se faire tuer plutôt que de l’abandonner. C’est une mère attentive et dévouée qui ne montre aucun favoritisme. Les jeunes restent généralement 12 mois aux côtés de leurs mères, mais ce n’est pas toujours le cas : certains partent des 6 mois, tandis que d’autres jeunes restent jusqu’à la mise à bas suivante.(3)
Habitat et distribution
La loutre vit dans une grande diversité de milieux aquatiques, en eaux douces, saumâtres ou salées, courantes ou stagnantes, jusqu’à une altitude de 2 000 m : au bord des cours d’eau (canaux, ruisseaux, rivières, fleuves), dans les marais, les marécages et tourbières, les étangs et les lacs, parfois sur les côtes marines et les estuaires, et même dans des fossés avec seulement quelques centimètres d’eau…
Elle fait sa tanière dans un terrier appelé catiche (du vieux français « se catir » : se mettre à l’abri), parfois situé entre les racines d’un gros arbre de la berge, dans un arbre creux, sous les embâcles des rivières ou dans des éboulis rocheux. Le choix du gîte est influencé par la fluctuation des niveaux d’eau et par la tranquillité des lieux. L’endroit choisit est au calme et le plus sécurisant possible. L’entrée est souvent située sous l’eau, assurant ainsi une discrétion maximale et une parfaite protection de la femelle et des jeunes. C’est d’ailleurs là qu’a lieu la parturition, à l’écart du mâle à qui elle interdit l’entrée (ce dernier reste dans les parages). Elle prend soin de tapisser le fond de toutes sortes de débris végétaux : herbe, algues, roseaux, branchages et racines. En cas de danger, elle peut changer de catiche en transportant ses jeunes.
Elle utilise aussi des places de repos diurnes et nocturnes ; contrairement aux catiches, ce sont de simples abris situés sous un rocher, une excavation de la berge, une racine d’arbre, généralement à proximité immédiate des cours d’eau où elle se réfugie en cas de danger. Elle passe également ses journées dissimulée dans les buissons.
Espérance de vie
Dans leur milieu naturel, leur espérance de vie peut atteindre une dizaine d’années, grand maximum, mais bien peu dépassent l’âge de 4 à 5 ans. En captivité, certaines loutres ont vécu jusqu’à 17 ans. Le taux de mortalité des juvéniles est élevé : 29 % des loutrons meurent avant de commencer à suivre leur mère en dehors de la catiche. En raison de cette combinaison de facteurs négatifs (mortalité élevée, maturité sexuelle relativement tardive, faible nombre de petits, longue période d’apprentissage des jeunes) les loutres d’Europe ont en moyenne très peu de descendants et, de ce fait, le renouvellement de la population est particulièrement lent.(1)
Indices de présence de la loutre
Son activité étant, dans nos contrées, essentiellement crépusculaire et nocturne (parfois diurne, mais uniquement dans les endroits calmes), la loutre d’Europe est extrêmement difficile à observer dans son milieu naturel. Toutefois, quelques indices permettent de révéler la présence de cet animal vraiment très discret :
Les épreintes
Ce nom désigne les fientes de la loutre ; il vient du vieux français « épreindre » signifiant déféquer par petits tas(4). Elles sont informes de 1 à 4 cm de long ou de diamètre, de couleur verdâtre à noirâtre, à l’odeur douceâtre caractéristique qui évoque un mélange de poisson et d’huile de lin (pas si désagréable), composée d’une matière mucilagineuse, mélangée dans la majorité des cas à des écailles, des arêtes de poisson ou divers ossements d’amphibiens ou de mammifères). Dans les secteurs à bonne densité, les loutres déposent leurs épreintes bien en évidence sur des pierres, des bancs de sable, des troncs ou des touffes d’herbe au bord de l’eau, marquant ainsi ostensiblement leur territoire. Ce ne sont pas nécessairement les limites du territoire qui sont ainsi marqués, mais plutôt les endroits les plus attractifs, et donc, les plus convoités. La fréquence et le nombre de ses marquages augmentent en fonction de la concurrence(1). Plusieurs études ont montré que la loutre dépose plusieurs dizaines de marquages par jour, répartis dans son territoire, et il est possible de découvrir des épreintes espacées tous les 50 à 100 mètres. Les épreintes, lorsqu’elles sont à l’abri des crues et des intempéries, peuvent rester bien en vue pendant plusieurs semaines.(2)
Deux glandes anales émettent une sécrétion odorante très caractéristique, qui parfume les excréments. Ce marquage a une double fonction : territoriale, donc répulsive vis-à-vis des autres individus, et sexuelle, donc attractive. En effet, les sécrétions de la femelle renseignent le mâle sur ses prédispositions à l’accouplement. Dans beaucoup de régions d’Europe tempérée, le marquage est maximal à la fin de l’hiver et au début du printemps, c’est-à-dire en période de rut. Par ailleurs, le marquage n’est plus pratiqué par les femelles qui viennent de mettre bas. (1)
Les traces de pas
Chacun des membres de la loutre d’Europe comporte 5 doigts palmés avec de courtes griffes. Elle laisse des empreintes facilement reconnaissables mesurant 6 à 7 cm de long par 6 cm de large pour les pattes antérieures et 8 à 9 cm de long par 6 cm de large pour les pattes postérieures. Toutefois, la palmure étant rarement visible et les griffes ne marquant que dans un substrat très meuble (sable humide, limon), il y a un réel risque de confusion avec le renard, ou le chien, surtout lorsque seuls quatre doigts sur cinq apparaissent. La loutre se déplace par petits bonds et la longueur du pas est d’environ 70 cm à allure normale et 50 cm à allure lente.(2)
Les « coulées »
La loutre emprunte régulièrement les mêmes passages sur la berge pour se mettre à l’eau : les « coulées ». Lorsqu’elle sort de l’eau, elle se roule dans l’herbe pour essuyer sa fourrure, sur des zones reconnaissables à l’herbe couchée et appelées « places de ressui »(4). Toutefois, comme une même coulée peut être utilisée par une loutre, un castor, un ragondin, un rat musqué, un blaireau, voire un renard, alternativement ou successivement, seule la découverte d’épreintes à l’entrée ou à la sortie de la coulée servira dans ce cas d’élément d’identification, la coulée seule ne permettant aucune conclusion fiable.(2)
Les reliefs de ses repas
Les reliefs de ses repas (squelette de poissons, cadavres de petits rongeurs ou d’amphibiens à moitié dévorés). Il faut cependant être prudent sur ce dernier point, puisque d’autres prédateurs opportunistes comme le milan noir ou le rat surmulot peuvent être à l’origine de tels reliefs… En fait, cet indice peut être considéré comme fiable s’il est associé à une série de traces de pas, ou une épreinte.
Au-delà de ces indices visuels, on peut également repérer sa présence grâce à ses cris qui se traduisent par des sifflements ou petits cris aigus.
Les causes de disparition de la loutre
Comme nous l’avons vu, la loutre européenne est une espèce inféodée aux milieux aquatiques. Et comme les cours d’eau n’ont pas été pas au mieux de leur forme ces dernières décennies, la loutre en a pâti. De plus, comme nous l’avons vu, cette espèce est peu prolifique ; le faible renouvellement de l’espèce la rend donc particulièrement vulnérable. De plus, la loutre a pour prédateur terrestre le renard (si le renard ne s’attaque pas aux loutres adultes, il est un prédateur redoutable pour les loutrons), le lynx et le loup ; dans l’eau, elle n’a aucun prédateur. Mais son principal ennemi est, de très loin, l’homme.
Par le passé, les populations de loutres ont fortement régressé du fait de leur piégeage intensif. Elles étaient particulièrement appréciées pour leur fourrure chaude, hydrofuge et lustrée. On piégeait 4 000 loutres par an entre 1890 et 1930. À ce rythme, pas étonnant que ses effectifs soient tombés à moins de 1 500 dans les années 1980. On les chassait également pour la fluidité de leur graisse (qui ne se fige pas dans le froid) et, plus anecdotiquement, pour ses propriétés médicinales (résolutive, digestive, elle apaiserait aussi la douleur des jointures et fortifierait les nerfs). Enfin, la loutre était peu appréciée par les propriétaires de viviers et d’étangs en raison de ses aptitudes piscivore très développées. Elle était d’ailleurs classée « animal nuisible ».
Aujourd’hui, bien qu’elle ne soit plus officiellement chassée, la loutre est toujours victime de piégeage et de bien d’autres problèmes : aménagements des cours d’eau et des berges (bétonnage), largages d’eau des barrages susceptibles de noyer les loutres dans leurs abris, destruction des zones humides ce qui les privent de leur nourriture, pollution des cours d’eau qui a des effets néfastes sur la reproduction (polluants d’origine agricole ou industrielle, métaux lourds – mercure notamment), noyade dans les engins de pêche et accidents par collision avec des véhicules (phénomène dit de « Roadkill » : près d’une vingtaine d’individus ont été tués sur le tronçon de la N122 entre Massiac et Aurillac, entre début 2004 et fin 2009).
Si la loutre d’Europe est bel et bien en voie de recolonisation en Dordogne, n’oublions pas que ce mouvement est lent et fragile, en raison notamment du faible taux de reproduction de l’espèce et de la persistance des menaces évoquées précédemment.
Notes :
- (1) Le Plan National d’Actions pour la Loutred’Europe (Lutra lutra), 2010-2015, Ministère de l’Écologie.
- (2) Charles Lemarchand – Christian Bouchardy – Yves Boulade, La loutre d’Europe dans la Vallée de la Dordogne, Enquête historique, état des populations et conservation dans les sites Natura 2000 « Vallée de la Dordogne » (FR 7200660) et « Vallée de la Dordogne Quercynoise » (FR 7300898), mai 2010.
- (3)Fabrice Capber, Reproduction de la loutre européenne Lutra ultra, Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle et d’Ethnographie de Colmar, Vol. 67, 2006
- (4) Page Wikipedia consacrée à la loutre d’Europe.
Crédit Photos :
- Loutre européenne, By Fabrice Capber (Own work), via Wikimedia Commons.
- Loutre sur un tronc d’arbre, By Quartl (Own work), via Wikimedia Commons.
- Une coulée de loutre, By Botaurus stellaris (Own work), via Wikimedia Commons.
- Bild aus Seite 373 in "Die Gartenlaube". Image from page 373 of journal Die Gartenlaube, 1892. (Own work), via Wikimedia Commons.
REMARQUE : Si un extrait du présent article posait problème à son auteur, nous lui demandons de nous contacter et cet article sera modifé dans les plus brefs délais.
En ce qui concerne la loutre, il est curieux de constater les différences de prix : 2 à 3 centimes les yeux et les oreilles mais 18 euros la partie inférieure de la mâchoire !
Article très intéressant, cependant. Merci !
Merci pour votre lecture attentive ! J’ai corrigé cette « coquille », comme disent les typographes.
Désolé mais il reste encore les yeux et les oreilles à 2-3 centimes, un peu plus haut… Je soupçonne un poisson d’avril de votre part !
Merci pour votre réponse si rapide et continuez à nous intéresser