Liorac est un bourg médiéval qui se laïcisa au XIXe siècle. L’école et la mairie prirent la place de l’église.
Sous l’Ancien Régime, ce village dépendant de la châtellenie de Clérans, bien à l’abri de ses falaises abruptes, n’avait pas de château. Son église fortifiée en tenait lieu. Son clocher, tour de guet à vingt-trois mètres au-dessus du sol, ses deux chambres refuge et le portail d’entrée, minuscule, doté d’une herse en cas d’attaque, constituaient une solide protection.
Liorac faisait partie d’une commanderie de Malte. L’église a un clocher fortifié ainsi qu’en témoigne la bretèche sur la face sud. Porche roman à un seul arc dont les claveaux sont ornés d’une frise sculptée. L’ouverture carrée paraît postérieure. Le porche ouvre sur une petite entrée sous le clocher, d’où une autre ouverture conduit dans une partie voûtée en berceau transversal. Un mur épais sépare cette partie du choeur. Au-dessus de toute cette partie, se trouve une grande salle qui communique par une tribune avec l’église. La nef a été refaite très postérieurement. – Eglise Saint-Martin, Monuments historiques, Base Mérimée.
Tout naturellement la cour de l’église où se tenait le puits communal, le presbytère et « les succursales » de l’ensemble, était en même temps la place du village. Entouré de maisons, un petit quartier s’était établi où des artisans animaient leurs ateliers. Des échoppes proposaient aux villageois les produits de bouche apportés par les paysannes. Au centre, une petite cour accueillait les marchés. Remontant vers le haut du bourg, un chemin charretier se dirigeait vers Bergerac. En contrebas de l’église, un chemin vicinal menait à Clérans. Un autre, tout en bas de la pente abrupte et partant de la Louyre, rejoignait Monclar.
Sur les coteaux d’en face bordant la rive droite de la rivière, la voie romaine servait encore au début du XIXe siècle à rejoindre, à l’ouest Lamonzie-Montastruc, et à l’est Saint-Félix de Villadeix. Avant la création des Ponts et Chaussées, les architectes bordelais du XVIIIe siècle avaient bien projeté de créer des routes transversales pour sortir le Périgord de son enclavement mais les évènements politiques remirent les travaux à plus tard.
Cliquez sur les photos pour les agrandir…
Le chemin de grande circulation n° 27
Il fallut attendre la Restauration pour que l’idée d’une route reliant Bergerac à Thenon voit le jour. Le projet était relativement simple sur la portion Bergerac-Liorac. Mais là, il se compliquait ! Première difficulté : la falaise tombant à pic sur la vallée de la Louyre n’avait jamais laissé aucun passage auparavant. La seconde concernait le bourg lui-même, en cul de sac, où les maisons ne laissaient aucune place à la route.
Nous sommes donc en 1853. On commence à exproprier les propriétaires. Ce sont des artisans comme le charron Marty dont on finit par couper la maison en deux sur toute la longueur, le tailleur Leygue, ou Teyssier le tisserand. Puis on exproprie les propriétaires de terrains nécessaires au passage de la route. Enfin, en 1860 les ouvriers font sauter la falaise, opération beaucoup plus simple que la précédente. En 1861, le chemin de grande circulation numéro 27 est ouvert à la circulation. C’est l’ancêtre de notre D 32. Il y a bien encore quelques soucis : le menuisier Poumeyret hurle parce que la tour de son petit repaire menace de s’écrouler ! La route passe trop près… Marty attend toujours son argent, Leygue est mort trot tôt, Teysssier a déserté le village. Le petit quartier de commerces et d’artisans partiellement détruit finit par disparaître et la place de l’église ne s’anime plus que le dimanche.
La république prend le relai
Heureusement qu’elle a des projets. L’école, en particulier, édifiée à la fin du XIXe siècle en haut du bourg. L’église à l’est, l’école à l’ouest : c’est l’école qui va gagner. Assez rapidement la mairie s’y installe et grignote le territoire des enfants. Un boulanger s’installe à sa droite, la poste à sa gauche. Quatre tilleuls sont plantés devant, le monument aux morts y trouve sa place. Un café restaurant s’installe.
Aujourd’hui les écoliers occupent l’arrière du bâtiment Jules Ferry. Ils ne sont plus qu’une vingtaine et on parle de fermer l’école. La mairie termine la place occupée grâce aux subventions du Conseil départemental, par une dizaine de parkings. Les tilleuls et le monument aux morts sont toujours là. La poste est désormais louée à des Lioracois.
La D 32 traverse le village, coupé en deux, vers la vallée de la Louyre. Et le bourg assoupi égrène sa vingtaine de maisons de chaque côté de la route. Elle laisse sur sa droite l’église oubliée et son cimetière. Le presbytère est loué par la commune et le repaire médiéval a toujours des soucis avec sa tour qui glisse…
Bernadette, 60 ans, est native de Liorac. Elle habite la maison où elle est née, au bord de la route. À la question posée concernant l’état de santé d’un vieux voisin qui habite en face d’elle, elle me répond : « Comment veux-tu que je le sache, il est de l’autre côté de la route »… Évidemment !
Liorac entre 1820 et 1845… La lecture des anciens registres d’état-civil et de la matrice cadastrale – base de calcul des impôts fonciers où figurent également les patentes – fait revivre un village évidemment bien différent du Liorac où nous vivons aujourd’hui. Elle nous réserve certaines surprises. Les habitants étaient alors considérablement plus nombreux que nous ne le sommes : Ils sont 697 recensés en 1845 (en 2014, Liorac-sur-Louyre comptait 233 habitants). Parmi eux, 81 heureux propriétaires payent la contribution foncière. Une majorité écrasante de paysans. Ceux qui exploitent leurs propres terres sont de loin les plus nombreux. C’est le triomphe de la micro-propriété avec ce que cela comporte de fragilité financière. D’où, pour beaucoup, la nécessité d’exercer une activité d’appoint. Les autres, métayers, colons, bordiers (petit métayer travaillant en famille ou en association avec plusieurs familles) sont à la merci de baux trop courts et fragiles. Tout ceci n’aide évidemment pas l’agriculture à progresser.C’est la routine : les exploitations familiales cultivent des céréales dont le maïs qui occupe une place de choix, un peu de pommes de terre et les légumes traditionnels. Vignes, noyers et châtaigniers constituent des appoints providentiels. Sans oublier le chanvre et le lin qui, avec la laine des moutons, habillent nos villageois tout en faisant vivre plusieurs artisans sur place. – Lire la suite (Pays-de-Bergerac.com)…
Régine Simonet
Rattachements administratifs : La commune de Liorac a, dès 1790, été rattachée au canton de Liorac qui dépendait du district de Bergerac. En 1800, le canton de Liorac est supprimé, de même que les districts, et la commune est rattachée au canton de Lalinde dépendant de l’arrondissement de Bergerac. En 1967, la commune de Liorac devient Liorac-sur-Louyre. En 2002, Liorac-sur-Louyre intègre la communauté de communes Entre Dordogne et Louyre. Cette structure intercommunale fusionne avec quatre autres pour former au 1er janvier 2013 la communauté de communes des Bastides Dordogne-Périgord. — Wikipedia : Liorac-sur-Louyre.
Bonjour
C’est vrai que de l’autre coté de la rue c’est bien loin, faut traverser, ne pas se faire écraser. Et finalement quel intérêt ?. Il a choisi le mauvais coté de la route.
Cordialement