La Genette commune (Genetta genetta)

La genette est de la famille des Viverridés à laquelle appartient la mangouste que l’on connaît mieux. Elle s’enorgueillit d’un pelage caractéristique : des tâches foncées parsèment le corps beige clair. La queue porte des anneaux foncés. (1)

Pourchassée pour sa fourrure et considérée comme pseudo-nuisible, les chasseurs et piégeurs ont bien failli, dans les années soixante, provoquer sa quasi extinction. (2) Au Moyen Âge elle occupait dans les châteaux la place du chat et s’attaquait aux rongeurs en surnombre. Seulement, la présence de deux glandes à musc situées de chaque côté de son anus fait d’elle un animal désagréable en raison de son odeur, en particulier lorsqu’elle a peur. Le chat, bien plus familier, la remplaça au retour des croisades.

Aujourd’hui protégée (2), la genette a recolonisé ses sites de prédilection. Les gorges de l’Auvézère ont été dans les années soixante-dix les plus habitées. Il faut savoir qu’elle apprécie les endroits accidentés et escarpés comme les falaises (vallée de la Vézère et de la Dordogne). Son expansion lui permet également de coloniser des sites ayant peu de relief, mais parsemés de vieux arbres.

Je l’ai observée près de Sainte-Foy-de-Longas. Ses crottiers se trouvent dans les rochers mais sont souvent déposés sur des palombières et des vieilles tours. Dans la forêt départementale de Campagne appartenant au Conseil départemental, elle est bien présente et je suis son régime alimentaire. Elle affectionne aussi le sentier du Coulobre, sur la commune de Couze et Saint-Front. Une famille a également été repérée sur le Cingle de Trémolat. Les analyses de leurs fèces (crottes) que j’ai recueillies sur leurs crottiers révèlent un régime alimentaire varié. (3) Cependant, elles marquent une préférence pour les ravageurs des cultures que sont les rongeurs. (4)

Serge Fagette , Naturaliste à la SEPANSO et à la LPO


La Genette commune, origine et protection…

D’origine africaine, la Genette commune, Genetta genetta, est présente en Europe, de la Péninsule ibérique à la France. La nature et la période de son introduction sur le continent européen ont fait l’objet de nombreuses spéculations. Il semblerait que la genette se soit installée en Europe au VIIIe siècle, suite aux invasions sarrasines. Une étude génétique récente (Gaubert et al., 2009) a confirmé que les individus présents en Europe sont génétiquement proche des souches du Maghreb.

La genette commune est un animal discret, essentiellement crépusculaire et nocturne, bien que les jeunes genettes s’activent parfois durant la journée. Elle vit une grande partie de l’année solitaire, excepté pendant ses deux périodes de reproduction, en janvier et en juin. Elle n’a pas de terrier fixe (sauf en période de gestation), et passe souvent ses journées à dormir sous un rocher, dans un arbre, ou encore dans un terrier abandonné. Elle affectionne les zones boisées et rocailleuses à proximité d’un point d’eau. Son cri d’alarme est aigu et fort.

Contrairement à la fouine, la genette ne s’approche pas des habitations ; elle s’attaque donc rarement aux animaux de basse-cour et ne peut donc, en aucun cas, être considérée comme nuisible. Cependant, en cas de pénurie alimentaire, la genette peut parfois attaquer les basses-cours, les juvéniles pouvant faire des dégâts importants. Elle est très agile, grimpe et saute habilement dans les arbres où elle peut capturer des oiseaux. Souplesse, rapidité et précision des mouvements la caractérise.

La Genette commune bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l’enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu’elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l’utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l’acheter. (4)


Photos :

  • Genette de jour : © photo Jean-Claude Tempier CEN PACA.
  • Genette de nuit (2 photos) : © photo Éric Médard.
  • Collecte de fèces de genette, photo Serge Fagette.
  • Crottier dans les rochers surplombant le cingle de Trémolat, photo Serge Fagette.

Notes :

  • (1) La Genette commune, comment l’identifier ? — La genette est un petit carnivore dont les caractéristiques morphologiques permettent de l’identifier sans ambiguïté. Le pelage et l’aspect rappellent ceux du chat, mais le corps est plus élancé, la tête plus triangulaire, le museau plus pointu, les pattes plus courtes et le cou et la queue plus longs. Le pelage, très contrasté, est gris fauve tacheté de brun noir sur les flancs en quatre à cinq lignes longitudinales, avec une raie noire sur le haut du dos. La partie ventrale est totalement beige ou blanche. La queue, cylindrique, pratiquement aussi longue que le corps, est annelée de clair et de foncée (9 à 12 anneaux). La genette possède de grandes oreilles (4,5 cm) qui ressortent bien du pelage et son museau allongé se termine par une truffe brun foncé. Les vibrisses (ou « moustaches ») sont longues : elles peuvent atteindre jusqu’à 9 cm. La longueur totale de l’animal avoisine 90 cm environ dont une quarantaine de centimètres pour la queue. Le poids de l’adulte – qui varie en fonction du sexe et du territoire plus ou moins riche en proies – est compris entre 1,5 et 2,8 kg. Le mâle est légèrement plus grand et plus lourd que la femelle, mais ce dimorphisme sexuel n’est pas suffisant pour distinguer les sexes. La hauteur au garrot de la genette est d’environ 20 à 30 cm.
    La genette possède 40 dents dont 20 sur la partie supérieure de la mâchoire et 20 sur la partie inférieure.
    C’est un animal particulier qui a des pattes avant de plantigrades (l’animal prend appui sur la plante des pieds) et des pattes arrière de digigrades (l’animal prend appui sur les doigts). Il laisse des empreintes semblables à celles du renard, mais de tailles plus petites (3,8 x 3,8 cm au maximum). Il a 5 doigts munis de griffes recourbées et pointues, semi-rétractibles (les griffes ne marquent pas sur les empreintes). Les quatre doigts supérieurs, disposés régulièrement en éventail au-dessus de la pelote plantaire, sont bien visibles sur l’empreinte, le cinquième doigt, plus petit, est nettement excentré.
    En Europe, c’est la seule espèce représentante de la famille des Viverridés. Cette famille compte de nombreuses espèces en Afrique, dans la Péninsule arabique et en Asie tropicale : genettes, civettes, linsangs et mangoustes.
  • (2) La Genette commune, un animal protégé — La genette a longtemps été chassée pour sa fourrure. Aujourd’hui, elle fait partie des espèces protégées, au niveau européen par deux directives datant du 21 mai 1992 et du 27 octobre 1997, mais également au niveau français par un arrêté ministériel datant du 17 avril 1981 qui la protège totalement sur le territoire français. Aujourd’hui, la France héberge l’une des plus belles populations d’Europe
    La genette n’a pas beaucoup de prédateurs mis à part le lynx et le loup gris qui sont relativement rares en France, mais également le grand-duc d’Europe qui tue beaucoup plus d’individus.
    Dans son environnement naturel, la genette a une espérance de vie d’environ dix ans, 13 en captivité.
  • (3) Indices de présence de la Genette commune — La genette dépose régulièrement ses excréments dans des endroits fixes ou « crottiers » qui peuvent être très importants avec plusieurs dizaines d’excréments sur une surface de 0,5 à 1,5 m². Ils sont disposés à des endroits stratégiques, surplombant bien souvent le territoire occupé. Les fèces sont des indices aisément observables et facile à identifier. Déposées le plus souvent sur des rochers ou des fourches d’arbres dominant le paysage alentour, particulièrement dans les éboulis rocheux ou les rebords de falaises, elles sont très grosses pour un animal de cette taille. De diamètre constant (1,5 à 2 cm de diamètre), non vrillées et longilignes, il n’est pas rare qu’elles dépassent 20 cm de longueur. Elles sont généralement repliées sur elles-mêmes. À l’état frais, elles sont noirâtres, ont une texture régulière, légèrement rugueuse. Leur odeur est caractéristique. Elles blanchissent rapidement et deviennent friables, libérant les os, les plumes, les poils et les herbes qui la composent. — La Genette (Genetta genetta), Office national de la chasse, Notes techniques, Bulletin mensuel n° 105, septembre 1986, Fiche n° 36.
  • (4) Régime alimentaire de la Genette commune — Essentiellement carnivore, le régime alimentaire de la genette est surtout composé de petits rongeurs comme les souris et principalement de mulots (49 à 78 % des proies), des mammifères de tailles moyennes comme les écureuils, les loirs et les lapins, des oiseaux (notamment de petits passériformes, 9 à 14 % des proies), des reptiles et des amphibiens (moins de 1% des proies), de nombreux arthropodes (coléoptères et dermaptères essentiellement, jusqu’à 8 % des proies), mais également des poissons et des charognes. À l’occasion, elle améliore ponctuellement son ordinaire de quelques fruits ou baies, et, comme le chat sauvage, elle consomme en très petite quantité quelques végétaux comme les graminées afin d’améliorer le transit intestinal.
  • (5) Consultez la page Wikipedia consacrée à la Genette commune, Genetta genetta.

Cet article a été publié dans le numéro 9 du magazine « Secrets de Pays ».

Vous pouvez vous le procurer en consultant la boutique du site…

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