Comme toutes les catastrophes naturelles, les crues de la Dordogne ont marqué la vie des hommes. Pour ne pas les oublier, ceux-ci en ont inscrit les traces, à l’exemple des repères gravés sur la pierre au Port de Couze.Les marques commémoratives gravées sur la pierre des constructions inondées furent tout à la fois des vecteurs et des lieux de mémoire qui, aujourd’hui, contribuent à la prévention des crues.
En Périgord, dès le XVe siècle, comme en témoignent les registres des « Jurades de Bergerac », les magistrats de cette ville ont gardé la trace des colères successives du fleuve de Dourdaygne et de ses excès. Au XVIe siècle, Michel Eyquem (1533 – 1592), seigneur de Montaigne, grand témoin de son temps, rappelle les débordements dévastateurs de cette rivière. Et il en va ainsi jusqu’à la Révolution, de la chronique de ces débords fluviaux…
Les gravures dans la pierre
Les inscriptions commémoratives des montées d’eau, indiquant les niveaux atteints observés in situ, révèlent tout un vécu. Messages et constats ont souvent valeur de mises en garde : « Population, riverains, professionnels de l’eau : attention ! Je l’ai vu ! Lieu inondable, dangereux, au moins jusqu’à ce niveau ! ».
Bien entendu, la multiplication des gravures transforme les murs – supports qui deviennent de véritables tableaux d’affichages municipaux et d’authentiques registres des crues. Il n’est pas rare de trouver sur certains lieux plus d’une dizaine d’inscriptions ainsi réunies… et dans une moindre mesure ici, au Port de Couze.
La mobilisation civique des mémoires
Sauvegarder les traces du passé afin de ne pas oublier et pour prévenir, relève d’une forme de devoir de mémoire…
D’ailleurs, dans son souci de prévention, le législateur précise : « Dans les zones exposées au risque d’inondations, le maire, avec l’assistance des services de l’État compétents, procède à l’inventaire des repères de crues existant sur le territoire communal et établit les repères correspondant aux crues historiques, aux nouvelles crues exceptionnelles ou aux submersions marines. La commune ou le groupement de collectivités territoriales compétent, matérialisent, entretiennent et protègent ces repères » (article 42 de la loi du 30 juillet 2003).
Michel A. Rateau
Photos Jacky Tronel